Élaboré par un spécialiste américain, un rapport réfute les accusations d’espionnage visant le Maroc

Une Israélienne utilise son iPhone devant le bâtiment abritant le groupe israélien NSO, à Herzliya, près de Tel Aviv. La société est accusée d'avoir fourni le logiciel espion Pegasus à des Etats, dont le Maroc (photo d'archives de 2016).

Une Israélienne utilise son iPhone devant le bâtiment abritant le groupe israélien NSO, à Herzliya, près de Tel Aviv. La société est accusée d'avoir fourni le logiciel espion Pegasus à des Etats, dont le Maroc (photo d'archives de 2016).. Jack GUEZ / AFP

Publié ce samedi 18 février 2023, un rapport de l’expert américain en sécurité informatique Jonathan Scott écarte, preuves à l’appui, toute responsabilité du Maroc dans les multiples affaires d’espionnage dont il est accusé, notamment par Amnesty International et Citizen Lab. Voici ses arguments.

Le 18/02/2023 à 20h52

Le spécialiste en sécurité informatique Jonathan Scott (établi au Texas) a publié, ce samedi 18 février 2023 sur son compte Twitter, un rapport intitulé «Disculper le Maroc: contredire le logiciel espion», réfutant les multiples accusations d’espionnage visant le Maroc, et ce, preuves techniques à l’appui, pour contredire les propos de deux organisations connues pour leurs acharnement constant contre le Royaume, à savoir Amnesty International et Citizen Lab.

Dans son rapport, Scott indique que les premières accusations d’espionnage visant le Maroc datent de 2012, lorsque Citizen Lab a reproché au gouvernement marocain d’avoir espionné les militants du collectif Mamfakinch via le logiciel espion Remote Control System, développé par la firme italienne Hacking Team. Il rappelle que le canadien Citizen Lab a fait état d’une adresse IP, mais qui reste, selon l’auteur, un élément insuffisant pour établir la culpabilité de l’accusé devant n’importe quelle juridiction. Et d’ajouter que le «document fuité» mis en avant comme étant une preuve technique de ce piratage était disponible sur le site officiel de l’entreprise italienne pour des raisons commerciales.

Le spécialiste en sécurité informatique note qu’en 2015, Citizen Lab a de nouveau accusé le Maroc d’espionnage via le logiciel Finfisher, conçu par l’entreprise allemande Gamma Group, reconnaissant néanmoins ne pas disposer de preuves liant le gouvernement marocain a cette société, mais, là encore, uniquement d’une adresse IP qui leur a permis de conclure à un «possible espionnage».

Concernant l’affaire Pegasus, Scott souligne qu’Amnesty International et Citizen Lab ont continué à mettre la pression sur le gouvernement marocain avec de nouvelles accusations d’espionnage, en citant, cette fois-ci, le cas d’Omar Radi, avec comme objectif d’assurer sa libération, et ce, en présentant un rapport dépourvu de preuves, basé sur des théories. Cela n’a pas empêché le Parlement européen de pénaliser le Royaume et d’ignorer son obligation d’honorer la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, ratifiée par ses Etats membres et qui établit les procédures conçues pour faciliter la collecte de preuves numériques pour des investigations concernant les infractions pénales liées à des systèmes et à des données informatiques, ou pour recueillir les preuves sous forme électronique d’une infraction pénale.

Sur le plan technique, Scott relève que le directeur du laboratoire Amnesty Tech, Claudio Guarnieri, et son équipe avaient développé «un outil pour traquer Pegasus» appelé MVT (Mobile Verification Toolkit) sans fournir son mode de fonctionnement technique, ajoutant avoir identifié la présence de faux résultats positifs pour les cas de Radi et de Claude Mangin, épouse de Naama Asfari, un séparatiste condamné à 30 ans de prison pour association de malfaiteurs, outrages et violences à fonctionnaires publics et homicides volontaires dans le cadre de l’affaire Gdim Izik. Et d’ajouter que ces «résultats» étaient en fait des processus ordinaires utilisés par le système d’exploitation mobile IOS de l’iPhone. Une erreur ayant été discrètement supprimée par Amnesty Tech.

Scott met, par ailleurs, en cause l’impartialité et la crédibilité des enquêtes d’Amnesty International et de Citizen Lab, qui sont toujours sur la même longueur d’onde, dans la mesure où ces deux institutions sont financées par les mêmes fondations américaines, à savoir MacArthur Foundation (Chicago) et Ford Foundation (Michigan).

L’expert américain tire enfin la sonnette d’alarme sur l’absence totale de surveillance juridique, ce qui a permis à certaines organisations de présenter des accusations vagues sans preuves concluantes qui sapent la crédibilité du domaine de la recherche en sécurité informatique et qui provoquent des tensions diplomatiques avec d’autres pays, citant l’exemple du Maroc.

Par Youssef Bellarbi
Le 18/02/2023 à 20h52