El Guerguerat: il y aura un avant et un après 13 novembre

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Revue de presseKiosque360. Après avoir gagné la bataille diplomatique, au vu du soutien que son initiative a accueilli à El Guerguerat, le Maroc a également gagné la bataille sur le terrain. Le spectre d’une guerre est définitivement écarté.

Le 20/11/2020 à 18h33

Décidément, le Polisario, et l’Algérie avec lui, a brûlé toutes ses cartes dans l’opération d’El Guerguerat. Les séparatistes étaient loin d’imaginer, le 21 octobre lorsqu’ils ont entamé d’obstruer le passage frontalier entre le Maroc et la Mauritanie, que ce sera leur dernière incursion dans cette bande du Sahara.

Avec cette intervention éclair des forces armées royales le 13 novembre, le Maroc vient de remporter une bataille décisive sur le terrain, sans effusion de sang. Le passage frontalier est aujourd’hui entièrement sécurisé, les travaux de réfection presque achevés. Plus encore, dorénavant, le Maroc ne négocie plus qu’avec les «véritables parties», l’Algérie en l’occurrence. C’est incontestablement un tournant dans l’affaire du Sahara, écrit l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du vendredi 20 novembre.

D’après l’hebdomadaire, citant des observateurs, l’élan de soutien et de solidarité, notamment de pays arabes et africains, a eu pour conséquence de souligner l’extrême solitude de l’Algérie et de ses choix militaires et politiques. Même la réaction de la Russie qui, au passage, confirme le statut juridique de zone tampon d’El Guerguerat et, par extension au-delà du dispositif sécuritaire, n’est pas pour conforter les voisins de l’Est et leurs protégés qui aiment parler de «territoires libérés». La position de la Commission de l’Union Africaine n’est pas bien loin de celle de la Russie, relève La Vie éco. Ce qui signifie que les temps où l’Algérie et le Polisario pouvaient compter sur l’appui inconditionnel de certains alliés sont décidément révolus.

Cette nouvelle situation va certainement peser lourd sur le plan politique et psychologique quand viendra le temps pour l’ONU de relancer les négociations afin de trouver une issue à ce conflit. C’est en position de force que le Maroc reprendra ce processus politique quand les conditions seront réunies.

Au moment où le pays voisin vit une crise politique et sociale, et même économique, doublée d’une hantise de la vacance de pouvoir, à nouveau, le Royaume multiplie les acquis diplomatiques aussi bien au niveau onusien, international que régional, au cœur même de l’UA. Nul besoin de revenir sur l’évolution de la question au niveau du Conseil de sécurité. L’option du référendum a ainsi été abandonnée depuis l’adoption de la résolution 1754 en 2007, les résolutions adoptées depuis avril 2018 sont venues confirmer davantage les paramètres du processus politique tels que défendus depuis 13 ans par le Maroc. Le Conseil de sécurité évoque l’Algérie dans ses résolutions non plus comme un pays voisin ou observateur, mais bel et bien comme «partie». 

Sur le terrain, avant le 13 novembre, El Guerguerat, ce no man’s land qui n’était sécurisé ni par les FAR ni par la Minurso, servait de carte de pression que le Polisario avait l’habitude de jouer pour mettre un coup de projecteur sur le dossier du Sahara à l’échelle internationale, rappelle l’hebdomadaire. Cela se passait généralement, et c’est encore le cas cette année, à la veille de la réunion du Conseil de sécurité d’octobre consacrée à la prorogation du mandat de la Minurso. De ce fait, le passage entre le Maroc et la Mauritanie est bloqué au rythme des échéances du renouvellement du mandat de la Minurso et à bien d’autres occasions.

Aujourd’hui, pour les séparatistes, El Guerguerat c’est fini. Quant à cette histoire de reprendre les armes et de se retirer de l’accord de cessez-le-feu de 1991, c’est juste pour la consommation interne et pour calmer la situation à l’intérieur des camps. Pour preuve, les éléments de la Minurso sont toujours à leur poste à l’est du dispositif de sécurité.

Nul besoin de préciser que le monde a complètement changé depuis la signature de cet accord. L’ordre mondial a changé, le rapport de force entre les Etats a changé, le droit humanitaire international, la législation internationale relative au droit de l’Homme et le droit international tout court ont évolué. On ne peut plus entrer dans une guerre sans risque de s’exposer aux sanctions internationales. Cela bien sûr pour les Etats constitués.

C’est encore plus difficile, voire suicidaire, pour une organisation armée qui opère depuis un territoire qui n’est pas le sien, et revendique la représentativité d’un groupement populaire constitué, du point de vue du droit international, de «réfugiés». Et du point de vue du droit international, en étant des «réfugiés», ils ne peuvent légalement pas initier une guerre sans engager la responsabilité du pays qui les abrite. Pendant ce temps, le Maroc est, et reste, dans son Sahara avec la ferme intention d’en faire une plateforme économique ouverte sur l’Afrique. 

Par Amyne Asmlal
Le 20/11/2020 à 18h33