Dans un entretien accordé à la télévision publique algérienne, diffusée dans la soirée du jeudi 1er octobre, le chef du Polisario dit d’emblée «ne pas écarter une réitération du scénario Gdeim Izik à El Guerguerat, avertissant que toute atteinte à un quelconque citoyen sahraoui reviendrait à un retour à la guerre».
Qui vise-t-il exactement par cette menace de guerre sans équivoque? L’ONU d’abord, le Maroc ensuite.
C’est à se demander comment le Polisario compte réellement s’y prendre avec les observateurs de la Minurso, la mission onusienne chargée de la surveillance du cessez-le-feu au Sahara. En tout cas, lors des dernières tentatives de blocage du passage d’El Guerguerat, les trublions du Polisario ont eu directement affaire aux Casques bleus, qui se sont fermement interposés au niveau de la zone tampon pour protéger la fluidité du trafic commercial, civil et pacifique à la frontière maroco-mauritanienne. Une mission qu’ils ont accomplie sur ordre du secrétaire général de l’ONU qui ne transige plus sur la moindre obstruction au trafic commercial terrestre entre le Maroc et l’Afrique.
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Cette menace contre la Minurso transparaît clairement dans les propos du chef du Polisario qui dit souhaiter voir «l'Organisation des Nations Unies (ONU) assumer ses responsabilités et le Maroc n'entreprendre aucune action dont les conséquences seraient aventureuses». En d’autres termes, le Maroc et l’ONU sont invités à faire les spectateurs passifs face à la menace de «l'impérative fermeture de ce passage» d’El Guerguerat brandie par le chef de la bande Rabouni, dont les éléments de langage sont soufflés par Alger qui a mis sa télévision publique à la disposition du patron des séparatistes.
Mais le comble, c’est que ce dernier n’a pas hésité à utiliser un langage très violent, digne d’un chef d’une nébuleuse terroriste, en lâchant froidement: «Force est de constater malheureusement, aujourd'hui, que le monde dans lequel nous vivons ne s’émeut que face à l'effusion du sang des innocents», ajoutant que le Polisario pourrait bien passer à cette option macabre.
Docile à satiété dans l’expression du diktat que lui impose le régime algérien, il tonne «qu'aucune solution ne sera acceptée en dehors de l’autodétermination et l'indépendance». Cela ne l’empêche pas de rejeter la responsabilité du «blocage total» au Conseil de sécurité de l’ONU. Selon le Polisario, qui concentre toutes ses attaques sur l’institution onusienne, la résolution 2494 du 30 octobre 2019, ayant définitivement écarté l’option référendaire au Sahara, a marqué un «revirement de l'ONU» qui «se traduit par le changement dans les missions dévolues aux Envoyés spéciaux au Sahara occidental».
Les membres du Conseil de sécurité ne sont pas épargnés par Brahim Ghali, dérangé par ce qu’il appelle le «chantage exercé par des puissances au sein du Conseil de sécurité pour entraver les missions de la Minurso».
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Durant son intervention à la télévision algérienne, le patron du Polisario a parlé tantôt comme le chef d’une bande en rupture de ban, tantôt comme un suicidaire. La menace de recourir aux armes est un vieux refrain que les dirigeants du Polisario entonnent chaque fois qu’ils sont dans l’impasse. Cette fois-ci, le désespoir doit être à son point culminant, aussi bien du côté d’Alger qui fait face à un naufrage diplomatique et économique que du Polisario qui constate que la seule solution préconisée par la communauté internationale est aux antipodes des utopies des guérillas. Et c’est cette solution réaliste qui sera réaffirmée par la communauté internationale dans la prochaine résolution sur le Sahara.