Comme à l’accoutumée, l’agence de presse algérienne, porte-plume officiel du régime militaire d’Alger, n’a rien trouvé de mieux qui puisse intéresser le peuple algérien que de déverser son venin sur le Maroc en écrivant que «305 organisations membres du Groupe de soutien de Genève pour la protection et la promotion des droits de l'homme au Sahara occidental» viennent de saisir, via une lettre, la 49e session du Conseil des droits de l'Homme au sujet de ce qu’elle nomme, sans vergogne, des «violations graves du droit humanitaire international» dans les provinces sahariennes marocaines.
En fait, il s’agit, ni plus ni moins, d’une manœuvre des services du régime algérien, dans le but de véhiculer de fausses informations dans les instances onusiennes sur la base d’une animosité caricaturale à l’encontre du Royaume du Maroc. Le contexte de l’envoi de cette lettre tombe mal pour les services algériens, puisqu’au même moment, plusieurs dizaines de détenus politiques en Algérie ont annoncé un mouvement de grève de la faim dans les prisons algériennes, justement pour protester contre leurs conditions de détention.
Au moins une quarantaine de détenus d’opinion de la prison d’El Harrach, à Alger, sont en effet en grève de la faim depuis le 28 janvier dernier. Tous ces détenus sont des militants du Hirak qui, en manifestant pacifiquement, appelaient à l’instauration d’un Etat civil à la place du régime militaire.
En réalité, explique Rachid Labied, expert en droits humains au Maghreb, ce groupe de soutien diligenté Alger n’est rien d'autre qu’une «manœuvre de propagande». La junte et son protégé, le Polisario, «poursuivent l’instrumentalisation outrancière de prétendues violations des droits de l’Homme dans la région du Sahara marocain en manipulant une minorité d’activistes qui leur sont proches».
Pour cet analyste, il s’avère que la majorité des «ONG», telles que citées par l’agence, «sont de simples regroupements de membres du Polisario dispatchés dans quelques pays ou installées dans le Royaume sans être enregistrés, n’ayant ainsi aucun statut légal à l’instar de certaines ONG internationales signataires des communiqués du groupe».
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Avec son outil de propagande, l'APS, le régime algérien entend continuer, selon les observateurs, à tenter de cacher les vraies raisons d’être de ces groupuscules, qui cherchent, selon cet interlocuteur, «à récolter des dons et aides, non pour venir en aide aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf (sud-ouest algérien) mais [qui] font l’objet d’une exploitation politique, aggravée par les détournements continus de l’aide humanitaire internationale, confirmés par plusieurs rapports d’ONG reconnues dans la sphère internationale et Organismes Internationaux».
Rachid Labied trouve à cet égard troublant que ce groupe d’ONG fantoches se dise préoccupé, dans sa lettre, par la situation des populations séquestrées dans les camps de Tindouf, alors qu’il ne présente ni bilan chiffré, ni réalisations concrètes, ni, d'ailleurs, aucun indicateurs de réussite, ayant apporté une réelle valeur ajoutée à cette population. En fait, l'objectif des rédacteurs de la lettre dictée par les services secrets algériens «n’est autre que de délocaliser leur supercherie de Genève à New York».
Alger et les séparatistes sont en réalité fortement gênés par le poids grandissant de la vraie société civile sahraouie, implantée dans les provinces saharienne, selon cet expert qui rappelle à ce titre que plus de 1300 ONG issues des régions sahariennes viennent de créer un mouvement, qui veut s'adresser aux plus hautes instances onusiennes, aussi bien à Genève qu’à New York. Leur but étant de souligner le caractère normal de la situation des droits de l’Homme dans la région du Sahara, et de saluer l’espace de liberté dont ils bénéficient, régi par un cadre institutionnel juridique évolutif et crédible, mais aussi de dénoncer les violations graves et systématiques des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf en Algérie.
D’ailleurs, le régime algérien devrait avoir honte de jouer la carte des droits de l’Homme. Selon une étude du très sérieux journal britannique The Economist, en 2021, l’indice de démocratie dans le monde plaçait l’Algérie dans la pire catégorie, celle d'un régime autoritaire. Et ce ne sont certainement pas les détentions en masse parmi les rangs des militants du Hirak, qui vont arranger les affaires de ce pays sur ce point.