Le Maroc a connu une mutation profonde dans le domaine des droits de l'Homme durant ces dernières décennies. Cependant, le Royaume fait aujourd'hui face à de nouveaux défis. Il s'agit essentiellement de la prévention des violations des droits de l'Homme et de la protection des victimes, des moyens de promouvoir la culture des droits humains et de l'activation du caractère indivisible des droits économiques, sociaux, culturels, environnementaux, politiques et civils, écrit l'hebdomadaire La Vie éco qui cite le CNDH dans son édition du vendredi 10 juillet.
Le Maroc a été confronté, plus récemment, à un autre défi, qu'il a d'ailleurs relevé avec très peu de dégâts, poursuit l’hebdomadaire. C'était comment concilier l'état d'urgence sanitaire et la protection des droits de l'Homme. Dans son tout premier rapport annuel, publié il y a un peu moins d'un mois, le Médiateur pour la démocratie et les droits de l'Homme (MDDH), créé il y a 15 ans, s’est justement attardé sur cette question.
L'ONG a ainsi pris acte de «l’engagement incontestable de l'État face à cette crise et sa capacité à gérer la situation sur le plan sanitaire, sécuritaire, social et économique ». Seul hic, le nombre jugé «inquiétant» de détentions pour violation de l’état d’urgence. Ce qui a pu constituer un risque de propagation du virus. Mais on ne pouvait faire autrement en l'absence de peines alternatives.
D'une manière globale, note l'hebdomadaire, malgré les avancées incontestables en la matière, le niveau de leur perception par les citoyens reste encore relativement bas. Selon les chiffres avancés par le HCP pour l'année 2019, les citoyens ont un sentiment de «régression» et de «crise» en la matière.
Mais la réalité est tout autre. Ainsi, en termes de droit d'association par exemple, le Maroc comptait à fin 2019 près de 210.000 associations, contre 130.000 en 2016. Il n'en reste pas moins que les milieux associatifs continuent de dénoncer certaines pratiques, certes marginales, mais qui, selon eux, freinent encore l'évolution du secteur.
Pour ce qui est de la liberté de rassemblement et de réunion pacifique, le fait de manifester est devenu une pratique normalisée, et l'intervention des forces de l'ordre pendant les dix premiers mois de l'année 2019 n'a touché que 941 manifestations sur un chiffre global de 12.052.
Cependant, relève le MDDH, on constate également le recours, de temps à autre, à l’usage «disproportionné» de la force. Les éléments des forces de l'ordre n'arrivent toujours pas à mettre en pratique l'enseignement qu'ils ont reçu lors de leur formation.
Concernant le droit d'opinion et d'expression, la pratique démontre certaines limites dans la protection de la liberté d'opinion et d'expression, à cause notamment de la possibilité, envisagées par le code de la presse, du recours à d'autres lois comme le Code pénal pour les questions afférentes à la presse et à l’édition. Il est donc nécessaire de revoir le Code de la presse et de l'édition, insiste le MDDH dans son rapport repris par La Vie éco.
En attendant, le CNDH a pris l'initiative de lancer, il y a quelques semaines, une plateforme interactive sur la liberté d'opinion et d'expression dans l’espace numérique, baptisée “TaabiratRaqmya.ma”. Cette plateforme vise à interagir avec les spécialistes, les différentes parties prenantes et le grand public autour du droit à la liberté d'opinion et d'expression et de ses limites.
Quid de la liberté de conscience? D'après le Médiateur, les écarts enregistrés dans ce domaine ont été commis par des personnalités religieuses qui, dans leur discours, ont l'habitude de viser des citoyens en raison de leur croyance, incitant ainsi à la haine et à la violence à leur encontre. Certains salafistes et même des islamistes dits «modérés» ont particulièrement versé dans ce genre de discours. Ils s’en sont même pris à la Commission spéciale du nouveau modèle de développement, juste parce qu'elle ne compte pas dans ses rangs des membres de la mouvance islamiste!