Le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, a demandé au président du groupe socialiste à la chambre des representants, Abderrahim Chahid, d’interdire toute coordination, quelle que soit sa forme, avec le PJD. Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du vendredi 14 janvier, que le patron des socialistes a rejeté toute entente avec les islamistes, au sein de l’opposition, malgré les sollicitations d’Abddallah Bouanou. Des sources proches de l’USFP indiquent que Lachgar a mis en garde contre toute coopération avec le PJD après que le chef des islamistes, Abbdelilah Benkirane, l’a traité de «traitre».
Les mêmes sources soulignent que tous les amendements des projets du gouvernement se font de maniere individuelle par les partis de l’opposition à l’inverse des groupes de la majorité gouvernementale qui présentent des modifications conjointes. Il faut rappeler que le bras de fer entre Driss Lachgar et Abdelilah Benkirane remonte aux élections législatives de 2016.
Le quotidien Al Akhbar rapporte qu’à cette époque, le PJD avait remporté, pour la deuxième fois, les élections. Mais Benkirane, alors chef de l’Exécutif, n’avait pas pu former de nouveau gouvernement. Le blocage, qui avait duré plus de cinq mois, l’avait poussé vers la sortie après son refus de la demande conjointe des partis du RNI, l’UC, l’USFP et le MP d’être intégrés dans le gouvernement. Le Roi Mohammed VI avait alors déchargé Abdelilah Benkirane de la tâche de former un gouvernement et avait nommé à sa place le patron du PJD, Saâd-Eddine El Othmani. Benkirane n’a jamais digéré ce revers et a repris son bâton de tribun pour s’opposer au gouvernement et tirer à boulets rouges sur les partis de la majorité.
Après plusieurs sorties médiatiques tonitruantes, Benkirane a fini par se calmer et s’est imposé une période d’hibernation politique. Après la défaite cuisante du PJD au dernier scrutin, il a été réélu à la tête du parti où il a retrouvé son punch d’antan. Lors d’une longue intervention devant les secrétaires régionaux de son parti, il a directement attaqué le patron de l’USFP Driss Lachgar en martelant: «C’est un traitre pour moi. Il m’a poignardé dans le dos alors que je lui avais proposé trois postes ministériels. Il quémande souvent des postes ministériels qu’il n’arrive jamais à obtenir». Le patron des socialistes n’a pas tardé à réagir à cette attaque. Mais il est clair que cette guéguerre ira crescendo entre deux hommes politiques qui ne mâchent pas leurs mots.