Drame de Nador: les armes blanches utilisées par les assaillants provenaient de Tindouf

Mohamed Tajeddine El Hosseini est politologue, professeur de droit international à l’université Mohammed V, à Rabat.

Mohamed Tajeddine El Hosseini est politologue, professeur de droit international à l’université Mohammed V, à Rabat. . Brahim Moussaaid / Le360 (photomontage)

Les violences qui ont marqué l’assaut collectif de quelque 2.000 subsahariens clandestins contre la clôture de Nador ont été aggravées par l’utilisation de différents types d’armes blanches fabriquées et acheminées de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie, vers le Maroc. Voici les explications du politologue Mohamed Tajeddine El Hosseini.

Le 11/07/2022 à 14h05

«Des témoignages ont prouvé que les dangereuses armes blanches que portaient les assaillants ont été confectionnées et ramenées de Tindouf» où le régime militaire d’Alger abrite, finance et arme les séparatistes du polisario, a affirmé le politologue, dans un entretien avec Le360.

Le transit de la migration irrégulière du Sud vers le Nord, en l’occurence par le Maroc, le point le plus proche de l’Europe, a pris désormais une nouvelle forme. Alors qu’elle était pacifique dans le passé, «cette migration a muté vers l’utilisation de la force et des violences par les clandestins», a déclaré le politologue.

«Nous sommes en face de flux violents encouragés par des complicités du voisinage (l'Algérie, Ndlr) et par les nombreux trafics d’êtres humains qui agissent dans le Sud en exploitant les routes de l’Algérie, de la Libye et du Sahel», a-t-il expliqué, observant que les lobbies se sont structurés et organisés davantage.

Ces deux nouveaux éléments, les violences et les trafics, vont contraindre, selon lui, le Maroc et l’Union européenne à innover dans leur coopération pour lutter avec acharnement contre les violences et les trafics de personnes.

«Les trafiquants sont dotés depuis quelques temps de moyens appropriés et sophistiqués pour aider les candidats à l’immigration clandestine en les équipant de toutes sortes d’armes blanches et d’autres moyens ce qui démontre, dans le drame de Nador, le nombre élevé des victimes parmi les rangs des forces», a martelé ce professeur de droit international.

Selon lui, les bandes criminelles sont des «hors la loi que la communauté internationale condamne». A Nador, «l’ampleur des violences était sans précédent. Il s’agissait d’actes délibérés pour tuer et blesser», a asséné Mohamed Tajeddine El Hosseini.

D’un autre côté, le politologue estime que l’Espagne est «parfaitement au fait de la situation (du drame de Nador), ce qui explique bien la rapidité» avec laquelle elle a envoyé à Rabat, le jeudi 7 juillet 2022, son ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, qui était accompagné de la commissaire de l’Union européenne chargée des affaires de l’Intérieur, Ylva Johansson. La rencontre a réaffirmé le soutien du Maroc et dénoncé les violences pratiquées par les assaillants.

Le géostratège a rappelé par ailleurs que le Maroc s’est doté en 2017 d’une stratégie liée à la gestion de la migration ce qui a permis la régularisation de 50.000 sans papiers. El Hosseini a d’autre part dénoncé l’hypocrisie de certains pays et parties dont les voisins qui, d’un côté critiquent, «les bonnes volontés comme celles du Maroc et d’un autre côté agissent, sans scrupule contre les propres intérêts des migrants».

«Alger, a-t-il conclu, chasse manu militari les migrants de son territoire, sous un silence complice, alors que certains pays européens usent d’une politique discriminatoire à l’égard de la migration, une attitude qui est en contradiction flagrante avec les principes liés aux respect des droits de l’homme».

Il faut rappeler que suite au drame de Nador, le gouvernement marocain a ouvert une enquête judiciaire pour déterminer les causes et les circonstances de cette tragédie. 

Par Mohamed Chakir Alaoui et Brahim Moussaaid
Le 11/07/2022 à 14h05