Chakib Benmoussa est un polytechnicien dans le sens propre du terme, car cet ingénieur sait conjuguer l’objectivité scientifique à tous les temps, que ce soit dans le domaine de la politique, de la diplomatie, du secteur privé ou public. L’hebdomadaire Jeune Afrique lui consacre, dans son édition de cette semaine, un article fort élogieux à l’occasion de sa nomination à la tête de la commission spéciale sur le modèle de développement. Tout lui réussit ou presque car, après avoir décroché nombre de diplômes en France, Benmoussa a traversé l’Atlantique pour aller décrocher un master dans le prestigieux Institut de technologie du Massachusetts (MIT).
Chakib Benmoussa est si brillant que les Américains l’ont recruté en tant qu’assistant de recherche dans le laboratoire d’hydrodynamique de ce même institut. Il y a exercé pendant deux ans, avant de rentrer au Maroc pour entamer une brillante carrière, aussi bien dans le public que dans le privé. Dynamique, efficace et foncièrement discret, il est passé par toutes les cases avant d’arriver à la tête du ministère de l’Intérieur, en 2006. Dans ce département à siège éjectable constamment exposé aux tirs croisés des politiques et des associations de la société civile, Benmoussa a usé de tout son savoir-faire pour accomplir sa mission sans heurts.
Il est vrai qu’il n’a pas échappé à la malédiction des élections qui font du ministre de l’Intérieur le bouc émissaire de tous les perdants. Mais il faut lui reconnaître qu’il est resté droit dans ses bottes d’homme intègre même s’il a été, lui aussi, victime de la politique politicienne des partis politiques. Cependant, son expertise cumulée ici et ailleurs lui a permis de contribuer à l’élaboration du plan d’autonomie du Sahara marocain et de participer aux négociations de Manhasset avec le Polisario. Il quittera le ministère de l’Intérieur en 2010, mais sa polyvalence lui a encore ouvert la voie à un autre challenge: celui de remettre sur les rails le Conseil économique et social, en panne depuis 1996.
En plus de ses compétences professionnelles, Benmoussa a cette qualité d’être un homme du juste milieu, qui préfère le compromis à la confrontation. C’est donc un véritable diplomate qui a été appelé à occuper le poste d’ambassadeur à Paris, au moment où les relations franco-marocaines étaient au plus mal. Il a réussi à traverser cet ouragan avec beaucoup de tact. Tout au long de cette phase de turbulences, l’ambassadeur est resté d’une discrétion absolue, parlant peu et travaillant beaucoup. Il est d’ailleurs tout aussi discret dans sa vie privée, car l’homme n’aime pas s’afficher et ne fréquente les salons mondains que si ses fonctions l’y obligent.
Certains le décrivent comme un homme réservé dont tout le monde reconnaît l’intelligence, l’efficacité et l’esprit de synthèse. Des vertus dont il aura besoin pour concevoir un modèle de développement. D’ailleurs, tout le monde compte sur sa méthodologie de travail pour mener à bien cette mission, en essayant de faire converger les idées des uns et des autres vers le meilleur plan possible.