L’économiste Zaher Badr Alazrak a affirmé que le Maroc ne peut atteindre ses Objectifs de développement durable (ODD) en laissant le monde rural à la traîne. Il a rappelé que le Souverain a évoqué, lors du discours du Trône, un développement «à deux vitesses».
D’un côté, des pôles urbains comme Casablanca, Rabat et Tanger, qui se modernisent rapidement, et de l’autre, le «Maroc de l’ombre», composé de régions marginalisées, privées de services essentiels (eau, internet) et souffrant d’un fort taux de chômage.
Après avoir repris les observations du Roi sur les avancées économiques du pays, notamment un secteur automobile leader avec un chiffre d’affaires de 12 à 13 milliards de dollars et un secteur aéronautique atteignant 3 milliards de dollars, le chercheur a mentionné l’essor de nouvelles industries (défense, énergies renouvelables, pharmaceutique).
Il a également souligné les progrès en matière d’infrastructures, qui placent le Maroc parmi les 30 premières nations mondiales, ainsi que les réformes institutionnelles et la mise en œuvre de la régionalisation avancée. Selon lui, ces efforts ont permis au Maroc de tripler son PIB depuis le début des années 2000 et de faire face à des crises comme la pandémie de Covid.
Cependant, l’économiste a noté que le Roi a insisté sur le fait que ces succès ne doivent pas masquer les déséquilibres persistants. Le Souverain a clairement exprimé son ambition d’«aspirer à davantage», une aspiration que partage l’ensemble des Marocains.
Pour Alazrak, le principal défi est d’harmoniser le développement entre les régions avancées et les régions en retard. Il a souligné que 45% des Marocains vivent en milieu rural, alors que l’administration reste centralisée à Rabat, ce qui crée un manque de cohérence dans les politiques publiques. Ce qui nous ramène au chantier de la régionalisation, lancé dès la Constitution de 1996. Pourtant, près de 30 ans plus tard, sa mise en œuvre reste partielle. Il a qualifié ce problème de «mental», expliquant que le pays reste trop dépendant du pouvoir central.
L’économiste a conclu que le discours royal interpelle les élites et les partis politiques, qu’il tient pour responsables du manque de personnel qualifié pour suivre le rythme des grands projets royaux. «Ceux qui dirigent le gouvernement, les collectivités et les régions ne sont-ils pas responsables du manque d’élites qualifiées?», a martelé le Souverain. Il a appelé les pouvoirs publics à assumer leurs responsabilités pour surmonter cet écart.








