La récente décision du gouvernement d’accorder aux fonctionnaires une augmentation des salaires et le relèvement du salaire minimal dans les secteurs privé et agricole n’a manifestement pas contribué à remettre le train du dialogue social sur les rails, affirme le quotidien Assabah dans son édition du lundi 6 mai.
Les syndicats continuent d’exiger un changement d’approche et le lancement d’un dialogue national multipartite. Sur le plan matériel, ils demandent encore plus. D’après le quotidien, les centrales syndicales n’avaient pas exigé, au début, 1.000 dirhams d’augmentation des salaires des fonctionnaires, mais 2.000 dirhams. Pour le secteur privé, ils avaient revendiqué un salaire minimum de 5.000 dirhams au lieu d’un peu plus de 3.400 dirhams accordés après la dernière augmentation.
Pour le secteur privé et public ensemble, les centrales syndicales avaient demandé un relèvement du salaire minimum imposable à 6.000 dirhams, ainsi qu’une baisse de l’IR de cinq points. Ce qui devrait se traduire par une revalorisation des salaires comprise entre 600 dirhams et 2.000 dirhams. Cela en plus du relèvement du niveau des pensions des retraités.
Bien évidemment, le gouvernement n’a accepté qu’en partie les revendications syndicales. Les ressources financières de l’État sont limitées, et le résultat est connu de tous. La hausse des salaires dans le public a été portée à 1.000 dirhams sur deux tranches, la hausse du SMIG et du SMAG accordée est de 10% également en deux tranches, alors que la baisse de l’IR, également accordée, est limitée à un point, tout en portant le salaire minimum imposable de 30.000 dirhams à 40.000 dirhams par an. Cette baisse de la pression fiscale est jugée insuffisante, estime le quotidien. Mais, il faut le noter, le gouvernement vient de faire un pas en avant inédit en matière d’équité fiscale en dissociant pour la première fois l’IR salarial de l’IR professionnel. Une vieille revendication syndicale.
Cela dit, comme l’a d’ailleurs souligné le quotidien, même en l’approuvant, les centrales syndicales ne comptent pas se contenter de ce qui leur a été accordé. Elles ont bien l’intention de mettre en œuvre le principe de «négocier, obtenir, puis renégocier».
Ce faisant, relève Assabah, les syndicats ont bien changé de démarche. Ils prennent ce que le gouvernement est disposé à offrir et continuent de protester pour obtenir davantage alors que, par le passé, ils avaient plutôt toujours adopté «le principe du tout ou rien».
Il faut dire, note le quotidien, que le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a su bien s’y prendre avec les syndicats. Il les laisse négocier avec les ministres et intervient par la suite, si nécessaire, en arbitre pour rapprocher les points de vue. C’est ainsi qu’il a pu convaincre tout le monde de l’impératif de conclure le nouvel accord social signé le 29 avril.
Cependant, même avec la signature de cet accord, certaines couches sociales s’estiment lésées. C’est le cas des salariés du secteur semi-public qui ne pourront pas bénéficier des augmentations accordées aux fonctionnaires. C’est aussi le cas des salariés de la classe moyenne du secteur privé qui n’ont bénéficié d’aucune augmentation, alors que le SMIG a été revalorisé de 20% depuis l’avènement du gouvernement Akhannouch.
Pour le reste, même s’ils sont d’accord sur le principe de la réforme, les syndicats refusent de troquer les augmentations obtenues contre un projet de loi de réforme de la retraite. De même pour le projet de loi organique relatif à la grève. Les centrales syndicales exigent de dissocier l’amélioration du pouvoir d’achat de la réforme de la retraite et du droit de la grève.