Ce qui a eu lieu ces dernières semaines en France et au Royaume-Uni, avec l’organisation d’élections anticipées, a semble-t-il inspiré le Parti de la justice et du développement (PJD).
Désormais dans l’opposition, le parti à obédience islamiste vient d’appeler à l’organisation d’élections législatives anticipées au Maroc.
Justification des initiateurs de cet appel: permettre aux électeurs marocains d’exercer leur droit démocratique, dans l’actuel contexte où le gouvernement semble avoir perdu leur confiance.
S’agit-il là d’un appel isolé, ou d’une position partagée par d’autres partis de l’opposition?
Assabah et Al Akhbar de ce mercredi 10 juillet livrent une analyse du contexte politique actuel, dans la lignée de cet appel du PJD, ainsi que la position que tiennent d’autres partis de l’opposition devant cette proposition et devant l’action du gouvernement.
Selon Assabah, pour les présidents des groupes parlementaires des partis de l’opposition, tout commentaire public à propos de cet appel à des élections législatives anticipées lancé par le PJD est jusqu’à présent refusé.
Toutefois, le quotidien a interrogé l’un de ces présidents off the records. Faisant partie de ceux avec lesquels Abdellah Bouanou, le président du groupe du PJD, négocie une action commune pour une position coordonnée des partis de l’opposition devant la coalition gouvernementale, il a affirmé que cet appel n’était en fait qu’«une bouteille jetée à la mer», tant les conditions pour l’organisation d’élections anticipées n’étaient pas réunies.
Selon ce député de l’opposition, le pays ne traverse actuellement pas une crise politique à même de justifier l’organisation de ces élections.
Assabah relaie aussi le fait que, parmi les députés des partis de l’opposition à la première Chambre du Parlement, on qualifie cet appel du PJD de preuve de la «désorganisation» que vit ce parti en interne, alors que ses leaders ne paraissent plus sur la même longueur d’onde et qu’ils s’échangent même, par moments, des critiques et des attaques les uns envers les autres.
D’ailleurs, un interlocuteur du PJD, qui s’est confié au quotidien en requérant l’anonymat, s’est dit «surpris» de cet appel lancé par son confrère, qui s’est autorisé à le faire au nom des membres de son parti.
Pourtant, quand il a lancé un appel à des élections législatives anticipées, Abdellah Bouanou assurait que cela ne répondait à aucun calcul partisan et ne constituait pas un moyen de perturber le gouvernement dans son travail.
Selon le président du groupe du PJD à la première Chambre du Parlement, il s’agirait de permettre aux citoyens «d’exercer leur droit démocratique» et de «renforcer leur confiance envers les organismes politiques».
Toutefois, ce non-alignement des autres partis de l’opposition sur cet appel lancé par Abdellah Bouanou ne veut aucunement dire que les rangs de l’opposition sont dispersés dans leurs réponses au gouvernement.
Al Akhbar indique ainsi que les partis de l’opposition se sont montrés unis lorsqu’ils se sont retirés, au début de cette semaine, d’une séance de questions orales dans l’hémicycle afin de protester contre l’absence de Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, dont les réponses à propos de la crise des étudiants en médecine étaient très attendues.
Les partis de l’opposition ont même menacé d’une même voix que ce boycott se poursuivra, y compris dans les commissions parlementaires, tant que ce ministre ne s’y présentera pas pour répondre aux questions qui lui ont été adressées et qui ont été validées par le bureau de la Chambre des représentants.
Al Akhbar ajoute que les partis de l’opposition, formée de l’Union socialiste des forces populaires -USFP-, du Mouvement populaire -MP-, du Parti du progrès et du socialisme -PPS- et du Parti de la justice et du développement -PJD-, sont allés encore plus loin dans leur réponse à l’absence de certains ministres, accusant le gouvernement de marginaliser le Parlement, ce qui est, ont-ils affirmé, anticonstitutionnel.
Devant cette situation, les partis de l’opposition menacent désormais les membres du gouvernement de monter encore d’un cran dans leurs actions de protestation, qui pourraient même aller jusqu’au boycott des séances mensuelles au cours desquelles le chef du gouvernement répond à leurs questions à propos de la politique générale menée par l’équipe gouvernementale.
Al Akhbar affirme qu’en plus de l’absence de Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, lors de la séance de lundi dernier, ce qui a aussi fait sortir les partis de l’opposition de leurs gonds a été une déclaration lue au nom du gouvernement, dans laquelle il a été mentionné que l’équipe gouvernementale n’était actuellement pas prête à répondre positivement aux doléances des députés concernant la crise que traversent les étudiants en médecine.
Une position que beaucoup ont considérée comme «dégradante» envers le rôle dévolu à cette institution législative dans le quotidien politique du pays.