Les deux chercheurs rappellent, dans cette tribune publiée par le journal français l’Opinion sur son site électronique, sous le titre «Sahara Occidental: quelle position pour les Etats-Unis et les Européens?», l’annonce par Donald Trump, le 10 décembre dernier, de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
"Cette décision prise, en fin de mandat, pose nécessairement la question du positionnement de son successeur Joe Biden, ainsi que d’acteurs clés de la scène internationale telle que l’Union européenne et la France", soulignent Jérôme Pigné et Yosra Aribi dans l’entame de leur analyse.
Selon les deux chercheurs, "l’élection de Joe Biden laisse présager un retour au multilatéralisme, tâche dans laquelle il sera soutenu par deux voix qui portent dans la région : Linda Thomas-Greefliled, représentante des Etats-Unis à l’ONU et Anthony Blinken, le nouveau secrétaire d’Etat de la Maison-Blanche".
"Pour l’heure, aucune de ces personnalités centrales n’a remis en cause la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental qui a été corroborée par l’annonce de l’ouverture d’un consulat américain dans la ville de Dakhla, le 10 décembre 2020", affirment-ils.
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Il semble donc "peu probable" que la nouvelle administration ne revienne sur cette décision, assurent-ils. Et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement, "un tel revirement n’a jusqu’ici jamais été vu dans l’histoire politique des Etats-Unis". Deuxièmement, "la décision américaine s’inscrit dans un contexte de normalisation des relations avec les Etats arabes et Israël (Accord d’Abraham)". Et troisièmement, "la Maison Blanche a pour projet de s’impliquer davantage sur la scène méditerranéenne, par différents investissements vers les marchés du Sud". Dans ce contexte, "le Maroc constitue une plateforme et un allié stratégique essentiel", observent les deux experts.
Après avoirs relevé la solidité des liens entre les Etats-Unis, le Maroc et l’Europe, les deux chercheurs soulignent qu’"à l’aune de ces éléments, le dossier du Sahara occidental est un véritable sujet d’intérêt pour l’Europe qui voue une attention cruciale à la question migratoire, ainsi qu’à la problématique du terrorisme au Maghreb et au Sahel".
"Depuis le Sommet de La Valette (2015) et la mise en place d’un fond spécial pour traiter la problématique migratoire (Africa Trust Fund ou Fond Fiduciaire en français), Bruxelles déploie des moyens humains, techniques et financiers considérables pour appréhender, avec ses partenaires du Sud, les flux migratoires", rappellent-ils. De même, "en Afrique de l’Ouest et au Sahel, plusieurs projets (européens) de coopération sont développés avec l’appui et l’expertise du Maroc. A quoi s’ajoute l’implication croissante de la diplomatie marocaine au Sahel (formation des imams, appui économique et financier).
Dans ce contexte, "Bruxelles et Paris composent avec ce partenaire stratégique, de retour, par ailleurs, depuis 2017 au sein des instances de l’Union africaine », relèvent les deux experts qui rappellent, par ailleurs, que le Maroc bénéficie également d’un statut de partenaire stratégique auprès de l’OTAN depuis 2016.
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S’agissant de la position de la France sur le dossier du Sahara, les auteurs de la tribune soulignent qu’elle est " sans équivoque et se veut conforme avec celle des Nations unies et du Conseil de Sécurité". "Paris défend l’application du cessez-le-feu de 1991 et une solution politique par négociation sur le statut d’autonomie proposé par le Maroc en 2007", rappellent-ils. Mais, "Certains élus français vont plus loin et appellent à ce que la France 'emboîte le pas' de Washington sur le dossier sahraoui, en plaidant la cause du Maroc considéré comme un allié de taille dans la lutte contre le terrorisme islamiste", relèvent les deux experts.
Selon eux, "la tendance semble favorable au Maroc, d’autant plus que les relations avec l’Algérie sont historiquement complexes et, c’est le moins que l’on puisse dire, souvent tumultueuses".