Démonstration de force de l’Istiqlal à Laâyoune

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Revue de presseKiosque360. L’Istiqlal a organisé un meeting monstre à Laâyoune qui a rassemblé, selon les estimations, près de 50 000 personnes. Un rassemblement qui a confirmé la montée en puissance du coordinateur du parti dans la région, Hamdi Ould Rachid, le chef d’orchestre de ce show.

Le 07/04/2019 à 19h48

L’Istiqlal a organisé, samedi dernier à Laâyoune, un meeting monstre présidé par le secrétaire général, Nizar Baraka. Ce rassemblement a été orchestré par Hamdi Ould Rachid, le président de la commune de Laâyoune et l’homme fort du comité exécutif du parti qui a fourni un soutien logistique et organisationnel conséquent. Cette marée istiqlalienne arrive moins de deux mois après un meeting semblable organisé par le RNI à Dakhla mais qui n’a pas attiré autant de monde.

Les responsables du parti de la balance évoquent la présence de près de 50 000 personnes dans ce show populaire inédit dans les provinces du sud. Le patron du PI a réitéré son appel aux acteurs politiques et aux forces vives de la nation pour renforcer le front politique pour la défense de l’intégrité territoriale.

Pour contrer les thèses hostiles à la cause nationale, il faut, ajoute-t-il, en plus de cette mobilisation que «le gouvernement accélère le transfert des attributions aux conseils régionaux, dynamise la vie politique dans les provinces du sud et implique les femmes et les jeunes dans la gestion de la chose publique».

Le quotidien Akhbar Al Youm rapporte, dans son édition du lundi 8 avril, les propos du chercheur dans les affaires sahraouies, Abdelmajid Belghazal. «Le PI a décidé d’organiser ce meeting à Laâyoune pour adresser, en premier lieu, un message à la communauté internationale sur le conflit du Sahara marocain», estime-t-il. Le deuxième message, souligne le même intervenant, s’adresse à l’Etat, pour lui signifier que «les décideurs dans les instances régionales demeurent les seuls et uniques interlocuteurs. Personne ne peut les ignorer car ils détiennent le pouvoir décisionnel et ne sont pas prêts à délaisser les structures organisationnelles que l’Etat leur a transférées».

Mais Belghzal n’a pas résisté à l’envie d’émettre des doutes sur les convictions politiques de ceux et celles qui ont assisté à ce show istiqlalien: «Je me demande si cette forte présence populaire est constituée par de véritables adhérents du parti de l’Istiqlal ou s’il s’agit de «clients» que l’on a obligés à venir en usant de différents moyens».

De son côté, l’analyste politique, Driss El Kassori, considère que la rencontre de Laâyoune a trait à la situation politique et diplomatique du conflit du Sahara marocain. Pour lui, le déplacement de tous les pontes de l’Istiqlal dans la capitale des provinces du sud a pour objectif de «créer une dynamique politique en marge des tables rondes avec le Polisario dans le but de trouver une solution politique durable marquée par un esprit de compromis dans le cadre des résolutions de l’ONU». Pour ce faire, ajoute le même intervenant, il est nécessaire d’avoir «une diplomatie politique qui rassemble tous les acteurs pour mobiliser l’opinion publique dans les provinces du sud et ailleurs afin de déterminer les vrais rapports de force et de représentativité».

El Kassori estime que de pareils meetings garantissent la mobilisation de voies unifiées qui attirent l’attention de l’opinion publique internationale. Certes, ajoute-t-il, cette initiative arrive en retard mais il appelle «tous les partis politiques à organiser de pareilles réunions pour mettre la pression sur le Polisario et l’embarrasser, lui qui prétend représenter les Sahraouis».

Pour sa part, l’ancien dirigeant de l’Istiqlal, Adil Benhamza, estime que «le meeting du parti à Laâyoune démontre que les Sahraouis sont prêts pour l’autonomie et ce même si le Maroc l’annonce d’une manière unilatérale. Autant dire qu’il ne faut pas attendre indéfiniment que le Polisario accepte l’autonomie pour permettre aux Sahraouis de choisir ceux ou celles qui vont gérer les affaires de leur région». Autrement, prévient le même intervenant, le conflit du Sahara va perdurer avec les sempiternelles surenchères politiques et politiciennes qui ne serviront ni la cause nationale, ni la démocratie dont le nœud demeure la démocratisation des partis politiques.

Par Hassan Benadad
Le 07/04/2019 à 19h48