Défense. Équipements excédentaires américains: avec Israël et la Grèce, le Maroc capte une part importante des offres EDA

Des véhicules de type MRAP (Mine Resistant Ambush Protected).

Entre 2020 et 2024, le Royaume s’est hissé parmi les tout premiers bénéficiaires mondiaux du programme américain Excess Defense Articles (EDA), avec des transferts autorisés d’une valeur comprise entre 139 et 242 millions de dollars. Un signal fort du partenariat stratégique maroco-américain et de la place centrale de Rabat dans l’architecture sécuritaire régionale.

Le 18/12/2025 à 11h25

Ce n’est ni un hasard ni un concours de circonstances. Si le Maroc figure aujourd’hui dans le trio de tête des pays recevant le plus d’équipements militaires américains reconditionnés, aux côtés de la Grèce et d’Israël, c’est parce que Washington voit en Rabat un allié fiable, structurant et pleinement engagé dans l’interopérabilité militaire avec les forces américaines et alliées.

Selon les données du Department of defense (DOD), analysées sur la période budgétaire 2020-2024, le Maroc concentre à lui seul une part substantielle des offres EDA autorisées.

D’après le rapport établi par la Government Accountability Office (GAO), et adressé aux commissions du Congrès américain, «la Grèce, Israël et le Maroc sont les trois partenaires étrangers ayant la valeur la plus élevée d’offres d’articles de défense excédentaires (EDA) et représentent 40% de la valeur totale actuelle des offres autorisées au cours des exercices budgétaires 2020 à 2024, selon notre analyse des données du Departement of defense (DOD)».

Un partenariat stratégique qui se traduit en équipements concrets

Les transferts EDA vers Rabat relèvent d’un choix stratégique délibéré, celui de renforcer l’interopérabilité entre les Forces armées royales (FAR) et les forces américaines. Chaque demande est évaluée à l’aune de cet objectif, central pour les exercices conjoints, la formation et les opérations combinées. «Des responsables des SCO au Maroc ont déclaré qu’ils évaluent la manière dont les demandes EDA du Maroc soutiennent les objectifs d’interopérabilité», peut-on lire.

Le Royaume figure d’ailleurs parmi les cinq pays étudiés en détail par les autorités américaines pour le suivi et le contrôle de l’utilisation finale des équipements (End-Use Monitoring – EUM), aux côtés de la Colombie, de la Grèce, d’Israël et des Philippines. Un autre indicateur révélateur: le Maroc n’est pas seulement un grand bénéficiaire, il est aussi considéré comme un partenaire fiable et rigoureux dans la gestion du matériel sensible.

Le programme Excess Defense Articles permet aux États-Unis de céder à des pays partenaires du matériel militaire devenu excédentaire pour leurs propres forces armées. L’objectif est double. D’un côté, renforcer à moindre coût les capacités de défense des alliés et consolider les coalitions militaires. De l’autre, offrir au Pentagone une solution rationnelle pour se défaire d’équipements qui, autrement, devraient être stockés à grands frais ou détruits.

Un mécanisme bien encadré

Depuis 2019, «la valeur cumulée des équipements EDA livrés à travers le monde dépasse les 900 millions de dollars», apprend-on. Pour les pays bénéficiaires, le programme représente un accès pragmatique à des capacités éprouvées, sans passer par les délais et les coûts d’acquisition de matériel neuf.

Contrairement aux idées reçues, l’EDA n’est pas un mécanisme automatique. Chaque transfert suit un processus long et structuré, impliquant le département de défense, d’État et du Commerce. Les demandes peuvent être formulées à la suite d’un recensement des équipements disponibles, par une requête officielle ou via la plateforme de la Defense Logistics Agency, qui gère les stocks excédentaires.

Une fois la demande introduite, les différentes branches de l’armée américaine vérifient la disponibilité réelle du matériel et s’assurent qu’aucune autre agence fédérale n’en a l’usage. Le dossier est ensuite examiné par la Defense Security Cooperation Agency, qui évalue l’impact stratégique, la capacité du pays bénéficiaire à utiliser et entretenir l’équipement, ainsi que la cohérence avec les priorités régionales des commandements américains.

Par Hajar Kharroubi
Le 18/12/2025 à 11h25