Daach: De la décapitation à l'autodafé

Au Musée du Mossoul, Daach a détruit des chefs-d'oeuvre de 3000 ans.

Au Musée du Mossoul, Daach a détruit des chefs-d'oeuvre de 3000 ans. . DR

Revue de presseAprès la monstruosité des décapitations en série, Daach s’en prend aujourd'hui au savoir et à l’Histoire. La destruction des hommes s'accompagne de la destruction de leur mémoire et leur civilisation.

Le 28/02/2015 à 08h58

Samedi dernier, les gros bras de Daach se sont rendus à la bibliothèque du Mossoul. A l’évidence, ce n’était pas pour s'y cultiver. Bien au contraire, ils étaient venus là pour détruire des livres! Cela rappelle cruellement le XIIème siècle, quand des illuminés allaités aux mamelles du fanatisme s’en étaient pris à la bibliothèque d’Averroès et avaient organisé un autodafé où fut entre autre détruit le célèbre «Traité décisif» (Fasl al-Maqal). Et dire que, huit siècles plus tard, nous assistons au même carnage! La barbarie revient à grand galop et, comme pour nous narguer, semble nous dire que rien n’a changé et que la déraison finit souvent par prendre le dessus sur la raison.

«Daach … de la décapitation des Hommes à l’assassinat de l’Histoire et de la mémoire», titre Akhbar Al Yaoum, dans un article magazine très édifiant. «Daach mène une guerre réelle contre les livres et les monuments sous prétexte qu’ils sont l’œuvre de mécréants», souligne le quotidien en déplorant la perte d’œuvres à la valeur inestimable; des oeuvres remontant à trois millénaires et réduites en pièces, en quelques minutes, par des ignares, sans même que la présumée "communauté internationale", ou ce qu'il en reste, croie utile d’intervenir pour empêcher cette incommensurable violence digne de la tristement célèbre époque des Tatares.

L’argument invoqué par ces incultes pour justifier l’irréparable est que ces objets font la promotion de l’idolâtrie. Argument dont ils se sont en effet servis pour justifier la destruction de milliers de livres à la bibliothèque de Mossoul. Un crime contre l’Humanité tout entière, une atteinte sans nom à son patrimoine.

Face à ces néo-barbares, ces architectes du chaos, ces fossoyeurs de l'espérance, ces VRP des ténèbres, nous n’avons plus qu’à nous raccrocher à cette pensée du philosophe de Cordoue, Ibn Rochd: «Les idées ont des ailes, personne ne peut les arrêter». 

Par Ziad Alami
Le 28/02/2015 à 08h58