Une crise sanitaire, une pluviométrie déficitaire et donc une saison agricole difficile avec, surtout, les chutes de grêle. L'année aura été plus que difficile pour le ministre de l'Agriculture. Et pour ne rien arranger, avec l'arrivée du Covid-19, une fièvre acheteuse s'est emparée des Marocains qui appréhendaient le confinement forcé, rapporte l'hebdomadaire Jeune Afrique dans un article publié sur son site internet et réservé aux abonnés. Il y a notamment eu une demande importante sur les produits alimentaires. Anticipant la situation, le ministère de l'Agriculture avait tout mis en œuvre pour assurer un approvisionnement permanent, et en grandes quantités, des marchés en denrées alimentaires.
«Il est tout à fait normal d'observer des comportements atypiques dans un contexte inédit. Notre devoir a été alors de rassurer le citoyen en assurant d'abord un approvisionnement normal des marchés», déclarera le ministre de l'Agriculture Aziz Akhannouch, cinq mois plus tard, non sans une satisfaction du devoir accompli, sur les colonnes de l'hebdomadaire basé à Paris. Cependant, reconnaît-il, ce n’a pas été chose facile. Avec le confinement, la méthode du travail a changé pour ceux qui ont eu la possibilité de continuer à travailler. Mais «le télétravail n'a pas altéré notre efficacité. Les équipes sont restées totalement mobilisées avec des réunions qui s'enchaînent à distance pour un suivi rigoureux de la situation», affirme Aziz Akhannouch.
Comme nous étions face à une situation exceptionnelle, il fallait prendre des mesures inédites et, surtout, immédiates. Le ministre cite, à ce propos, l'exemple des marins pêcheurs qui ont rechigné à prendre la mer, préférant une indemnité pour arrêt temporaire du travail. Il a fallu négocier ferme pour ne pas se retouver face à des étals aux poissons vides. Les tractations ont fini par aboutir et les pêcheurs en sont sortis gagnant, puisqu'ils ont fini par empocher 3 à 4 fois plus que ce que l'Etat pouvait leur accorder.
Dans l'industrie de la pêche comme dans l’agroalimentaire, le ministère a dû faire face à un autre défi: maintenir le niveau de production dans une industrie mobilisant une forte main-d’œuvre tout en éliminant le risque de contamination. Là encore, le nécessaire a été fait. Un cahier des charges, avec une série de mesures sanitaires, a été élaboré avec obligation pour tout le monde de s'y conformer. Et même quand certains clusters sont apparus, la réaction a été rapide et la situation vite maîtrisée. Mais là n'était pas le seul souci du ministère. En effet, le coronavirus n'a pas été le seul défi auquel le ministère a dû faire face ces derniers mois.
Face à une saison difficile, la récolte céréalière étant d'à peine 30 millions de quintaux, il a ainsi fallu s'approvisionner en quantités suffisantes auprès des fournisseurs internationaux, tout en déployant des mesures pour indemniser les agriculteurs sinistrés. Le système d’assurances climatiques a joué pleinement son rôle avec l'indemnisation anticipée de milliers d'agriculteurs, écrit l'hebdomadaire. Pour le ministère, il fallait sauver ce qui reste de la campagne agricole.
A défaut de pouvoir compter totalement sur la clémence du ciel, il a fallu chercher la solution ailleurs. C'est justement pour cela que le ministère s'est penché sur l'optimisation des terres irriguées. «Je ne compte plus les visio-conférences tenues pour suivre au jour le jour l’assolement des terres. Il a fallu s'assurer que les cultures puissent aller jusqu'au bout malgré le manque d'eau», a notamment confié Aziz Akhannouch à Jeune Afrique. «Nous avons pu agir de manière positive et efficace», a-t-il soutenu.
L'année a été riche en (mauvaises) surprises. Une tempête de grêle survenue début juin dans la région Fès–Meknès a provoqué des dommages sur quelque 9.100 ha. Ce qui a occasionné des pertes allant de 20 à 80 % du potentiel de production, selon les cultures. Aziz Akhannouch a dû d'ailleurs sortir de son confinement pour effectuer son premier déplacement officiel et rassurer les agriculteurs touchés. Là encore et sans tarder, les mesures nécessaire ont été prises. Les agriculteurs sinistrés ont été indemnisés grâce, notamment, aux programmes d’assurance multirisque et un budget a été débloqué pour doter les régions à risque en dispositifs anti-grêle. Bref, note l'hebdomadaire, l'année 2020 aura donc été pour l'agriculture marocaine, à tous les égards, une «annus horribilis». Malgré tout, les pertes sont relativement limitées grâce à la résilience acquise par le secteur durant ces dernières années. Et le Plan Maroc Vert y est évidemment pour beaucoup.
A ce propos, assure le ministre, «nous récoltons les fruits du Plan Maroc vert qui est arrivé à échéance cette année». Le ministre a également évoqué le lancement d'une nouvelle stratégie dans le domaine de l'agriculture avec comme défi, entre autres, l'émergence et le renforcement, dans les années à venir, d'une classe moyenne agricole. «Generation Green 2020–2030 capitalise sur les acquis et s'adapte parfaitement à cette ère post Covid-19», estime-t-il. D'après le ministre cité par Jeune Afrique, «la modernisation du circuit de distribution –qui a montré certaines lacunes– est, par exemple, un axe de cette nouvelle vision stratégique».