Corruption et scandale sexuel: le parcours explosif d’Abdelaziz Essadeq, ex-Président de Commune

Rattrapé après des années de cavale, l’ex-président de la commune de Jorf El Melha est poursuivi pour détournement de fonds publics et implication dans une affaire de viol dissimulée. (Photo d'illustration)

Revue de presseRattrapé par la justice après des années de cavale, l’ancien Président de la Commune de Jorf El Melha fait face à une double procédure: détournement de fonds publics et implication dans un scandale de viol, maquillé. Extradé de Mauritanie, ce responsable local, également citoyen américain, cristallise à lui seul les dérives de certaines élites locales. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 24/06/2025 à 18h50

Dans le cadre d’un dossier de corruption financière, la Chambre des crimes financiers près la Cour d’appel de Rabat a décidé, lundi soir, la levée de la détention préventive visant l’ancien Président de la Commune de Jorf El Melha (Province de Sidi Kacem), Abdelaziz Essadeq.

Cette décision reste toutefois conditionnée à l’accord des autorités mauritaniennes pour l’extension de l’effet du mandat de remise, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce mercredi 25 juin.

L’ancien élu, extradé en mars dernier par la Mauritanie sur la base de mandats de recherche internationaux, reste, néanmoins, détenu dans le cadre d’une seconde affaire, à caractère criminel, liée à un viol ayant entraîné une grossesse.

L’intéressé, Abdelaziz Essadeq, qui possède également la nationalité américaine, avait été condamné par contumace à cinq ans de prison ferme pour détournement et dilapidation de fonds publics.

Il comparaît désormais en personne devant la Chambre des crimes financiers de Rabat pour être rejugé, lit-on.

Les faits reprochés à l’ex-Président de la Commune remontent à son mandat à la tête de Jorf El Melha.

Une plainte déposée par des élus de l’opposition, soutenue par l’Instance nationale de protection des deniers publics, avait conduit à l’ouverture d’une enquête sur des soupçons de détournement de fonds, falsification de documents officiels et abus de pouvoir.

Faute de présence sur le territoire, l’accusé s’étant enfui à l’étranger, la justice l’avait initialement condamné par défaut à cinq ans de prison.

Mais ce n’est qu’en 2023 que son jugement a été assorti d’une amende de 300.000 dirhams et d’un dédommagement civil de deux millions de dirhams au profit de la partie civile, relate Al Akhbar.

En parallèle, Abdelaziz Essadeq reste impliqué dans une autre affaire retentissante jugée à la Cour d’appel de Kénitra.

Il avait été condamné, en janvier 2017, à dix ans de prison pour enlèvement, séquestration et falsification, après avoir tenté de maquiller une affaire de viol dans laquelle son père était impliqué.

Le scandale remonte à plusieurs années. Une employée de maison, victime de viol, avait été contrainte à un mariage fictif avec un serveur de café, afin d’étouffer l’affaire.

Le viol, commis par le père des deux Présidents de Commune (Abdelaziz et son frère Abdelilah, président de la commune de Sidi Bousber à Ouezzane), avait conduit à une grossesse et la naissance d’un enfant.

Le dossier a entraîné une série de condamnations: Abdelaziz Essadeq (10 ans de prison), son frère Abdelilah (10 ans), leur père Abdelkrim Essadeq (8 ans), deux adouls (10 ans chacun), le mari fictif (10 ans) et un médecin ayant délivré un faux certificat de célibat (3 mois avec sursis).

L’affaire avait provoqué un émoi considérable dans la région.

À la lumière des derniers développements, la Chambre des crimes financiers de Rabat a décidé de renvoyer le prévenu devant la juridiction de première instance pour rejugement.

Un procès à rebondissements s’annonce, qui pourrait relancer l’attention sur un double dossier, mêlant corruption institutionnelle et dérives morales, au sein d’une élite locale rattrapée par les tribunaux.

Par Walid Ayadi
Le 24/06/2025 à 18h50