Coronavirus: la prolongation du confinement jusqu'au 10 juin vue par la presse

Le Chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, s'exprimant devant le Parlement.

Le Chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, s'exprimant devant le Parlement. . DR

Revue de presseKiosque360. Alors qu’on s’attendait à un déconfinement progressif à partir de ce 20 mai, le gouvernement a finalement joué la carte de la prudence. Il a ainsi décidé, lundi, de prolonger l’état d’urgence sanitaire de trois semaines. Une durée diversement interprétée par la presse. Round-up.

Le 18/05/2020 à 23h17

Stop and go. Telle semble être la stratégie du gouvernement qui vient de prolonger, pour la deuxième fois consécutive, la durée de l’état d’urgence sanitaire en vigueur depuis le vendredi 20 mars. Reconduit une première fois d’un mois, le 18 avril dernier (du 20 avril au 20 mai), le confinement de la population n’a été prolongé que de trois semaines ce lundi et prendra fin le 10 juin prochain, en prélude au déconfinement progressif.

Pour le quotidien Al Ahdath Al Maghribia du 19 mai, cette prolongation de trois semaines s’explique par la nécessité de mieux préparer le déconfinement, devenu inéluctable à partir du 10 juin prochain. En effet, le gouvernement est en train de préparer une stratégie de déconfinement clairement définie, tant sur le plan logistique que médical, en vue de parer à toute augmentation éventuelle des contaminations au Covid-19 dans le pays.

En annonçant cette nouvelle prolongation de l’état d’urgence sanitaire, le chef du gouvernement Sâad-Eddine El Othmani, qui s’exprimait ce lundi devant les deux Chambres du parlement réunies, a précisé que 56% des contaminations au Covid-19 enregistrées au Maroc avaient été causées par des foyers familiaux, à l’occasion de mariages et funérailles. C’est pourquoi la fête d’El Fitr, prévue le week-end prochain, aurait pu constituer un vecteur d’explosion des contaminations.

Décrivant la situation générale de la pandémie au Maroc, le chef du gouvernement estime qu’elle est stable mais laisse planer des inquiétudes face au demi-millier de foyers familiaux et industriels de contamination qui ne cessent d'augmenter.

D'après Al Massae, en mettant fin au suspense qui planait quant à la levée ou non de l’état d’urgence mercredi prochain, El Othmani semble avoir pris en compte la situation mitigée de la pandémie de coronavirus au Maroc. En effet, malgré la baisse remarquable du nombre de décès (192 au total) et la hausse importante des cas de guérison (3.758), il n’en reste pas moins que le taux de propagation du virus n’est pas encore maîtrisé (près de 7.000 contaminations). Cette situation explique, selon le quotidien, pourquoi l’état d’urgence n’a pu être levé, comme prévu, ce 20 mai. 

Une attitude que soutient Al Akhbar, selon lequel la réaction rapide des autorités marocaines a, malgré les chiffres actuels dont certains inquiètent El Othmani, permis d’éviter le pire. En effet, certains experts estiment que, n’aurait été sa vision anticipative, le Maroc aurait aujourd’hui sur les bras entre 300.000 et 500.000 personnes contaminées, dont 7.750 cas graves, et entre 9.000 et 15.000 morts de coronavirus. Al Akhbar ajoute également que le déconfinement, prévu à partir du 10 juin prochain, sera progressif pour les régions les plus touchées, alors que d’autres pourraient connaître une levée quasi-totale de l’état d’urgence sanitaire.

Pour sa part, et tout en zappant complètement le contenu de la déclaration du chef du gouvernement sur la prolongation de l’état d’urgence, le quotidien Assabah l’a surtout critiquée sur la forme, accusant El Othmani d’avoir violé la Constitution à travers cet exercice «unilatéral». En effet, le quotidien estime que le Parlement s’est transformé, ce lundi, en salle de cinéma où les parlementaires, députés et conseillers, se sont contentés d’écouter et de voir, sans poser la moindre question ni discuter de la déclaration mensuelle du chef du gouvernement, comme cela est prévu par les articles 68 et 100 de la Constitution de 2011. Le Parlement n’a tout simplement pas joué son rôle, ce lundi, en se refusant à interpeller El Othmani pour donner davantage de précisions sur la politique gouvernementale en matière de lutte contre la pandémie de coronavirus.

Par Mohammed Ould Boah
Le 18/05/2020 à 23h17