«Le phénomène des coordinations, dites «tansikyate», ne date pas d’hier. Il remonte à au moins une vingtaine d’années». Le concept a fait son entrée dans le vocabulaire des protestations, notamment avec les «coordinations de lutte contre la cherté de la vie», celles des «diplômés chômeurs» avant de gagner du terrain avec certaines associations de droits de l’Homme, des syndicats et même des partis politiques.
Aujourd’hui, le phénomène est remis sur le devant de la scène syndicale, politique et médiatique, avec les mouvements de protestation observés ces dernières semaines dans le secteur de l’enseignement, fait remarquer l’hebdomadaire La Vie Eco, qui décrypte le phénomène dans sa dernière livraison.
«La reproduction de la démarche a fini par gagner toutes les administrations publiques avant de déteindre sur d’autres franges du tissu sociétal, les différents corps des métiers et au sein même de certaines formations politiques et autres organisations syndicales», écrit l’hebdomadaire.
C’est ainsi qu’une terminologie spécifique a fait son entrée dans les formules de protestation et de dénomination, relève l’hebdomadaire, en citant les exemples de «coordination des diplômés forcés au chômage», «les candidats au concours qu’on a fait échouer», «les enseignants auxquels a été imposée la contractualisation».
Dans une déclaration à l’hebdomadaire, le secrétaire général de la Fédération nationale de l’Éducation (FNE), Abdellah Ghmiemt, a indiqué que «la naissance des coordinations notamment dans l’enseignement serait une réponse aux limites dont a fait preuve l’action syndicale dans le secteur».
D’ailleurs, poursuit l’hebdomadaire, les syndicats ayant «la légitimité des urnes» ont fini par suivre les mouvements de protestation initiés par des coordinations qui revendiquent ce qu’elles appellent «la légitimité de la rue». Mais, au final, souligne l’hebdomadaire, «c’est avec et par les acteurs institutionnels que les revendications peuvent trouver une issue favorable». C’est ce que les enseignants ont compris, note l’hebdomadaire.
Ce phénomène, fait remarquer La Vie Eco, n’est pas spécifique au Maroc. Il s’agit d’«une tendance mondiale où les syndicats reculent face à ces nouvelles formes de protestation». Dans ce sillage, l’hebdomadaire se réfère à «des études qui n’hésitent plus à parler d’une tendance menant vers une rampante «asyndicalisation» des sociétés».