Pourquoi autant de manifestations aujourd’hui alors que le gouvernement vient à peine de boucler les 40 premiers jours de son mandat? C’est une question que s’est posée l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du vendredi 26 novembre sans pour autant avancer une réponse concrète.
Difficile en effet de comprendre pourquoi des anti-vaccin manifestent dans la rue alors que plus de 24 millions de Marocains se sont déjà fait vacciner. Pourquoi, se demande l’hebdomadaire, les étudiants grondent-ils contre la décision du ministre de l’Education nationale de limiter l’âge d’accès au concours de l’enseignement à 30 ans alors que depuis 2018, les jeunes de plus de 22 ans ne peuvent pas accéder aux filières de formation aux métiers de l’enseignement et de l’éducation.
Cela d’autant qu’alors que les étudiants manifestent devant le siège des académies régionales, plus de 40.000 candidats répondant aux conditions requises ont déjà déposé leur dossier pour participer à ce concours. On a du mal à comprendre pourquoi un accident de la circulation dont les causes et les circonstances n’ont pas encore été élucidées par la justice suscite une réaction de contestation. Pour La Vie éco, il semble que les décisions du gouvernement relatives au pass vaccinal et à la limitation de l’âge de l’accès, entre autres conditions, aux métiers de l’enseignement ne soient finalement que des excuses pour les instigateurs de ces protestations.
En tout cas, sur les réseaux sociaux, certains activistes qui relèvent de l’alliance islamo-extrême-gauchiste marocaine s’enthousiasment déjà à l’idée que la mayonnaise puisse finalement prendre. Pour eux, les manifestations des cadres enseignants des AREF début octobre, des anti-vaccin un peu plus tard et des étudiants et anciens étudiants aujourd’hui, des manifestations corporatistes et sectorielles, pourrait donner lieu, dans un an ou deux, à des manifestations à caractère social, donc plus large, dans différentes régions. Ces mouvements, à l’image de ceux qu’ont connu les villes de Sidi Ifni, en 2009, de Jerada, plus récemment, pourraient même déboucher sur des protestations à l’échelle nationale avec comme épicentres Rabat et Casablanca.
Pour ces activistes islamo-extrême-gauchistes, à ce rythme, on pourrait évoluer vers un remake du «20 février» d’ici trois ou quatre ans. Un plan d’autant plus vraisemblable que ce sont principalement les militants de l’extrême gauche et de la Jamaa qui ont animé les manifestations contre le vaccin, alors que dans les universités.
On notera que malgré ses déclarations officielles, le PJD est loin d’avoir totalement digéré sa débâcle électorale du 8 septembre. A travers ses organisations parallèles, sa branche estudiantine, il cherche à saper l’action du gouvernement. Sur les réseaux sociaux, la branche estudiantine du parti islamiste affirme justement avoir mené, ou du moins participé, à plusieurs manifestations qui ont éclaté dans les universités à travers le pays.
Vu sous cet angle, estime l’hebdomadaire, il est clair que ce n’est pas le gouvernement ni ses décisions qui sont visés. Les principaux instigateurs de ces manifestations visent l’Etat. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Pendant ce temps, que fait le gouvernement? Certes, estime l’hebdomadaire, on pourrait reprocher à l’Exécutif de ne pas avoir assez communiqué sur son action, mais on ne peut surtout pas affirmer qu’il se soit dérobé à ses engagements sociaux.
Depuis sa nomination, Chakib Benmoussa multiplie les rencontres avec les syndicats et plusieurs dossiers ont été mis sur table, y compris celui très épineux des enseignants-cadres des AREF. Il semble même que beaucoup de problèmes qui se sont accumulés dans le secteur durant ces dix dernières années, soient sur le point d’être résolus.
Quant au chef du gouvernement, il enchaîne les réunions sur les dossiers de l’investissement et a consacré deux réunions du Conseil du gouvernement à la protection sociale. Là encore, les premières prises en charge des soins médicaux pour les travailleurs indépendants seront effectives à compter du mois de janvier. De son côté, le ministre de l’Inclusion sociale planche sur le projet de lancement de «chantiers» dans plusieurs provinces avec pour objectifs de donner à la fois du travail et une formation aux dizaines de milliers de sans emploi.