Un débat houleux a eu lieu, hier mercredi, au Congrès américain, au sujet des droits de l’Homme au Sahara. Il s’agit d’une séance de hearing, organisée par la Commission des droits de l’Homme, à la demande du lobby pro-algérien. La tenue de cette séance publique a été annoncée il y a au moins une semaine. Et l’annonce de cette séance, il faut bien le préciser, a été faite alors que la crise entre le SG de l’ONU et les autorités marocaines atteignait des sommets, suite aux dérapages de Ban Ki-moon, le 5 mars à Tindouf, qualifiant d’«occupation» la présence marocaine au Sahara.
Il va de soi que la convocation de cette séance de débat n’est pas le fruit du hasard. Pas plus, d’ailleurs, que son théâtre: le Congrès américain, temple des législateurs américains, républicains et démocrates confondus. A l’évidence, personne ne pouvait alléguer ne pas être au courant, ni ignorer l’enjeu de cette séance, encore moins la symbolique de l’endroit où elle s'est tenue.
Or, se sont succédé au perchoir, un après un, des congressmen et des figures droit-de-l'hommistes ouvertement acquis à la thèse séparatiste, dont la présidente de la Fondation Kennedy, Kerry.K, le directeur adjoint de la Division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch (HRW), Eric Goldstein, sans oublier le congressman républicain de Pennsylvanie, Joe Pitts, réputé être un farouche lobbyiste au service de la thèse polisaro-algérienne. Last not least, cette séance a été marquée par la présence de l’ex-représentant spécial du SG de l’ONU et ex-chef de la Minurso, Francesco Bastagli (actuellement Représentant spécial de Ban Ki-moon pour l’administration civile de la mission d’administration intérimaire des Nations unies).
Tout bien considéré, le lobby pro-algérien était presque au complet et en ordres serrés pour torpiller le Maroc sur la question des droits de l’Homme au Sahara.
Face à cette descente massive, structurée et méthodique, il n’y avait personne pour défendre la thèse marocaine. «Personne», enfin presque. La seule intervention enregistrée par le site US «Al Monitor», elle a été signée d’un certain Paul Jordan, directeur exécutif du Centre maroco-américain pour les affaires politiques. Face au déluge des critiques décochées à l’adresse du Maroc, Paul Jordan, présenté par «Al Monitor» comme étant un «lobbyiste pro-marocain», a eu cette phrase très significative: «C’est le Polisario qui mérite d’être soumis à l’examen».
Mais que peut le directeur d’un centre maroco-amérocain face à un trio, bien rompu aux débats ? Que répondre à l’intox des partisans US dévoués à la thèse ennemie, dont la flamboyante Kerry Kennedy qui a remué ciel et terre en 2013 pour faire accréditer auprès de l’administration Obama la revendication algéro-séparatiste d’élargir le mandat de la Minurso au monitoring des droits de l’Homme ? Que répondre à l’envolée d’Eric Goldstein, haut responsable à Human Rights Watch (HRW), toujours présent quand il s’agit d’attaquer le Maroc sur la question des droits de l’Homme ?
«Depuis une décade, le président de la Commission des droits de l’Homme, Tom Lantos, n’a eu de cesse de presser le Polisario d’accepter le Plan marocain raisonnable et réaliste prévoyant l’octroi de larges prérogatives d’autogestion à la population sahraouie», a rappelé Paul Jordan, sans peut-être se demander pourquoi la requête de Tom Lantos, autant que celle des autres congressmen US pro-Maroc (au total 70), n’a jusqu’ici pas abouti.
Pourquoi les 70 congressmen acquis à la thèse marocaine, républicains et démocrates inclus, ont brillé, et sans jeu de mots, par leur absence lors de cette séance de hearing ? Pourquoi la diplomatie marocaine ne les a-t-elle pas mobilisés pour défendre le bien-fondé de l'offre marocaine ? Jusqu’à quand notre diplomatie va-t-elle continuer à faire prévaloir la chaise vide et permettre à la partie adverse de faire accréditer ses allégations auprès de l’opinion publique américaine ? Jusqu’à quand cette diplomatie va-t-elle continuer à s’adosser sur l’engagement du chef de l’Etat ?
La situation des droits de l’Homme à Tindouf est-elle meilleure que celle prévalant dans les provinces sahariennes marocaines ? Le Maroc ne détient-il pas plutôt de solides arguments à faire valoir auprès de cette même opinion US concernant l’évolution pourtant exemplaire des droits de l’Homme au Sahara comme partout d’ailleurs dans le royaume ?
Autant de questions qui remettent sur le tapis la nécessité impérieuse de revoir de fond en comble le fonctionnement de la machine diplomatique marocaine.