Concours des avocats: les barreaux du Maroc contestent la décision du chef du gouvernement

Abdelouahed El Ansari, président de l'Association des barreaux du Maroc (ABAM).

Ingérence, atteinte à l’indépendance de la profession, dépassement des prérogatives… C’est une véritable volée de bois vert qu’a assénée l’Association des barreaux du Maroc (ABAM) aux récents communiqués du Chef du gouvernement et du Médiateur du Royaume. Pour l’organisation professionnelle, il n’est surtout pas question d’organiser un nouveau concours d’aptitude pour l’exercice du métier d’avocat.

Le 06/06/2023 à 12h23

L’Association des barreaux du Maroc (ABAM) affirme dans un communiqué avoir tenu une réunion urgente de son bureau, à Rabat, en date du 5 juin, avec comme seul ordre du jour les derniers développements sur la scène professionnelle, en relation avec le concours d’aptitude pour l’exercice du métier d’avocat. D’entrée de jeu, l’ABAM accuse le Chef du gouvernement et le Médiateur du Royaume d’ingérence et d’atteinte à l’indépendance de la profession et à son immunité.

En relation avec des communiqués diffusés les 3 et 4 juin, respectivement par Aziz Akhannouch et le Médiateur, l’association accuse ces derniers de chercher à violer la loi, surtout en ce qui concerne l’âge d’accès à la profession et la tenue d’un nouveau concours d’aptitude pour l’exercice du métier d’avocat en octobre prochain.

L’association présidée par Abdelouahed El Ansari affirme qu’elle n’a nullement réservé un accueil «positif et responsable» aux propositions du Médiateur, contrairement à ce que l’institution avait affirmé dans son communiqué. L’ONG dit au contraire refuser de manière catégorique l’organisation d’un nouveau concours en l’absence d’un institut national dédié, comme le stipulent les engagements de l’État.

Appel à un dialogue «sérieux et responsable»

L’ABAM a également accusé les gouvernements successifs d’avoir failli à leurs engagements en continuant à inonder la profession par des promotions de lauréats des facultés de droit comme solution déguisée au chômage, tout en «préservant» d’autres professions judiciaires.

Quant au Médiateur, l’ABAM estime que cette institution a péché en intervenant dans des affaires soumises à la justice ou ayant fait l’objet de verdicts. L’ONG conclut en appelant le gouvernement à un dialogue «sérieux et responsable» pour à la fois traiter les différentes questions de la profession, garantir son indépendance ainsi que la sécurité professionnelle des avocats.

Par Rahim Sefrioui
Le 06/06/2023 à 12h23