Dans son édition de ce mercredi 30 décembre, le quotidien Assabah consacre sa rubrique mensuelle de «visite spéciale» à une longue interview avec l’ancien n° 2 et désormais nouveau patron du BCIJ, Cherkaoui Habboub.
Tout d’abord, pour répondre à l’incontournable question du «qui parle?», Assabah dresse un bref portrait-parcours de son interviewé, natif (1958) des M’Zab, tribu et région du plateau de la Chaoui-Ouardigha. Fils de fellah, issu d’une région où l’assiduité au travail est une seconde religion, Cherkaoui Habboub a successivement fréquenté l’école primaire de Ben Ahmed, le lycée de Berrechid, puis l'université. C’est en 1983, suite à une admission haut la main à un concours de la police, qu’il rejoint le corps de la sûreté nationale, où son mérite lui permettra de rapidement gravir les échelons: préfecture de police de Ben Mik Sidi-Othmane, BNPJ, BCIJ.
Dans cette sortie médiatique dans les colonnes d’Assabah, ce grand spécialiste de la lutte antiterroriste et anticriminalité en général, explique que le principal défi qui pourrait menacer le Maroc et le reste du monde vient de l’hydre terroriste qui sévit toujours et peut se manifester à tout moment. Cependant, il reste confiant car, grâce à l’approche anticipative décidée par le roi Mohammed VI à la suite des attentats terroristes du 16 mai 2003 à Casablanca, appproche qui prend globalement en compte des données socio-économiques, réligieuses, juridiques et sécuritaires du pays, le Maroc a jusqu’ici réalisé des résultats importants en matière de lutte contre le terrorisme, aussi bien en interne qu'au niveau des pays amis d’Europe et d’Amérique surtout.
Cherkaoui Habboub rappelle ainsi que c’est le Maroc qui a alerté les USA, bien avant les attentats du 11 septembre 2001 à New York, sur les camps terroristes en Afghanistan où les hommes d’Oussama ben Laden s’entraînaient. Plus récemment, les renseignements fournis par le Maroc en 2006 à la France et à l’Italie ont permis de mettre en échec des opérations terroristes qui allaient déboucher sur des bains de sang dans ces pays. En 2015, ce sont également les renseignements marocains qui ont indiqué à leurs homologues français l’adresse précise, à Paris, où se cachait le terroriste Hamid Abaoud (et sa compagne), qui se préparait à commettre d’autres attentats à Paris.
Malgré cette coopération internationale fructueuse qui a fait ses preuves en mettant en échec de nombreux plans terroristes, Cherkaoui Habboub regrette que les voisins algériens s'inscrivent en porte-à-faux de cette tendance et refusent toute coopération antiterroriste avec le Maroc, au moment où la région sahélo-saharienne est devenue un refuge pour Daech depuis la déconfiture de cette nébuleuse en Irak et en Syrie.
Mais ce refus de coopération pourrait s’expliquer par le fait que l’Algérie sait pertinemment que les renseignements marocains disposent de preuves irréfutables montrant que plusieurs éléments du Polisario sont actifs au sein des groupuscules terroristes au Sahel. D’ailleurs, ajoute Cherkaoui Habboub, c’est un ex-dirigeant du Polisario, Abou El Walid Essahraoui, qui est l'émir de la nébuleuse de Fath El Andalus au Mali.
A la question de savoir où réside la force du Maroc en matière de lutte antiterroriste et même contre le crime organisé et transfrontalier, Cherkaoui Habboub explique que le mérite revient essentiellement à la Direction générale de la surveillance du territoire qui met en continu une mine d’informations précieuses au service du BCIJ, qui réagit en conséquence, sous la supervision du parquet général.
D’ailleurs, c'est grâce à la DGST, durant les derniers mois où certains terroristes ont tenté de profiter de la pandémie de coronavirus pour mener des opérations terroristes, que le BCIJ a fait tomber leurs plans à l’eau. Et de conclure que cette veille constante du BCIJ s’étend également aux terroristes repentis qui, bien que libérés, restent toujours sous haute surveillance.