Un excès de transparence nuirait-il aux réformes? C’est le message que le ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Boussaid a, semble-t-il, voulu faire passer lors de son passage, cette semaine, à la Commission des Finances. Alors que la séance devait être consacrée à l’étude du projet de loi relatif à Bank Al-Maghrib, le ministre en a profité pour revenir sur le report de la réforme de la flexibilité des changes, portée par son département en collaboration avec la banque centrale.
Un débat dont ont été exclus les parlementaires, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum qui, dans son édition du 27 décembre, affirme que Boussaid a tenu à exprimer ses regrets quant au cafouillage qui a eu lieu suite à l’annonce de la date d’entrée en vigueur de la réforme. Cette déclaration du ministre est, avance le quotidien, une accusation claire adressée à Abdellatif Jouahri, qui avait communiqué la date du 1er juillet à la presse et l’opinion publique. En d’autres termes, le ministre fait porter la responsabilité de ce qui s’est passé au wali de Bank Al-Maghrib. «Il y a eu des amalgames et l’opinion publique a eu peur qu’il se passe au Maroc ce qui s’est passé en Égypte », a souligné Boussaid devant les élus. «Un mouvement de panique a accompagné l’annonce de la date de l’application de la réforme», a-t-il ajouté.
Le parlementaire Abdellatif Berroho a versé dans le même sens que le ministre en critiquant Bank Al-Maghrib et la façon dont elle a géré le dossier de la flexibilité des changes. Ainsi, rapporte Akhbar Al Yaoum, le parlementaire PJDiste estime que la banque centrale a commis une «erreur stratégique» en annonçant la date d’entrée en vigueur de la réforme huit mois trop tôt. Pour Berroho, c’est cela qui a mené à une sorte d’anarchie où les banques ont tenté de mettre la main sur les réserves de devises en usant de «pratiques frauduleuses».