Le chauffeur-serviteur. C’est le statut des professionnels de la conduite qui prennent le volant pour assurer les déplacements des souverains. Leur dévouement, leur professionnalisme et leur ponctuation ont été mis sur le devant de la scène politique et médiatique quand le feu Hassan II, manifestement en colère, avait rappelé à l’ordre des membres de son gouvernement, en leur disant qu’il pourrait nommer son chauffeur comme ministre. Et d’ajouter que certains ministres n’étaient même pas à la hauteur de son chauffeur particulier. Par ces propos, d’une forte dose politique, le roi soulignait l’importance de la rigueur et de la ponctualité, qui apparemment faisaient défaut à certains ministres de l’époque, rappelle le quotidien Al Akhbar dans son édition du week-end des 26 et 27 avril.
Et depuis ce rappel à l’ordre, la fonction de chauffeur au palais royal s’est dotée d’un statut particulier. En effet, ce chauffeur, qui n’est pas comme tous les autres, assure la conduite dans les règles de l’art, en contact avec les motards qui balisent la voie devant le cortège royal et pourrait devenir garde du corps au besoin.
De plus, des liens solides se nouent entre le souverain et son chauffeur-serviteur, sa boite noire, qui a développé des réflexes pour réagir et répondre rapidement aux demandes du roi. C’était le style de feu Hassan II. Car durant le protectorat, rapportent les sources du quotidien, le colonisateur désignait les chauffeurs qui devaient s’acquitter de cette tâche auprès de feu Mohammed V et de son prince héritier à l’époque.
Dans ce sillage, poursuit le quotidien, les défunts rois choisissaient des chauffeurs non pas uniquement pour leurs qualités professionnelles mais également pour leur dévouement et leur fidélité. C’est ainsi que Bouchaib El Yahyaoui a gagné la confiance du prince héritier de l’époque, feu Hassan II, qui l’avait chargé d’assurer la fonction de chauffeur et de garde du corps de Mohammed V. Après la mort du père de l’indépendance, le chauffeur résistant El Yahyaoui a été recruté par Hassan II pour remplir les fonctions de conducteur particulier et de garde du corps jusqu’aux événements de 1970.
Après ces événements, la France proposa au roi du Maroc de confier cette fonction à un agent de police. C’est ainsi que Raymond Sassia a passé 28 ans au service du défunt roi Hassan II. Dans ses mémoires, rappelle le quotidien, Sassia a réservé quarante pages à son parcours de combattant auprès de feu Hassan II jusqu’à ce qu’il tire sa révérence, en passant par la fuite à bord d’une voiture particulière depuis l’aéroport de Salé lors du coup d’Etat échoué en 1971.
En France, la famille royale avait également un chauffeur particulier, Boumediane Settati, qui assurait les déplacements des rois et des membres de leurs familles dans l’Hexagone. Dès que la famille royale atterrit en France, Boumediane se met en état d’alerte pour assurer ses fonctions d’accueil, de chauffeur, de garde du corps, entièrement à la disposition des membres de la famille royale durant leur séjour dans l’Hexagone. Durant l’ère du Roi Mohammed VI, la citation de feu Hassan II, «l’homme c’est le style» a été de mise. Car, le roi Mohammed VI préfère prendre lui-même le volant, conduire dans le strict respect du code de la route, s’arrêter au feu rouge comme tous les automobilistes, renvoyant ainsi l’image du Roi des pauvres, écrit le journaliste égyptien Saad Taha, qui a eu l’honneur de faire un reportage sur le roi sur Al Jazeera.
Cette modestie et cette spécificité du roi Mohammed VI ont été évoquées par le quotidien, qui rappelle l’inauguration d’un projet par le roi au Mali, qui a pris le volant pour conduire la voiture présidentielle en compagnie du président du Mali. Cette initiative a fait du chauffeur officiel du président du Mali le plus heureux chauffeur du monde, puisqu’il a accompagné deux chefs d’Etat, publiait la page officielle du président malien.










