Centrafrique: pourquoi autant de Casques bleus marocains tués?

Hommage à un Casque bleu décédé en novembre 2019. Photo d'archive.

Hommage à un Casque bleu décédé en novembre 2019. Photo d'archive. . Minusca

De plus en plus de Casques bleus marocains tombent en République centrafricaine où ils participent aux opérations de maintien de la paix. Sept morts depuis le début de l'année. De quoi se poser des questions sur les raisons de ce lourd tribut payé par les FAR. Éléments de réponse.

Le 26/07/2017 à 12h26

La nouvelle est tombée comme un couperet. La mort d’un soldat marocain en Centrafrique dimanche dernier n’est pas encore digérée que la MINUSCA annonce deux nouveaux décès dans le rang du contingent marocain des Casques bleus déployés dans ce pays.

A la lueur de ces trois morts en trois jours, force est de constater que le bilan des Forces armées royales (FAR) s'avère de plus en plus lourd depuis l'envoi du premier contingent de 250 hommes en avril 2014, soit quelques mois aprés le début de la mission de l'ONU.

Rien qu’en 2017, sept soldats marocains ont trouvé la mort sur ce terrain, alors qu’ils participaient aux opérations de maintien de la paix. S'y ajoutent un autre tué en 2016 et un jeune soldat ayant perdu la vie dans un accident de la circulation en septembre 2015. Ils sont donc neuf à avoir perdu la vie dans le cadre de cette mission, sans parler bien entendu des blessés, certains de façon grave, qui se comptent par dizaines.

De quoi se poser la question: pourquoi les FAR sont-elles l’un des contingents qui paient le plus lourd tribut dans cette mission de maintien de la paix en Centrafrique?

Il est difficile de répondre directement à cette question. Cependant, plusieurs constats pourraient constituer un début de piste. Le premier est lié à la nature même de la mission du contingent marocain des Casques bleus. Celle-ci consiste essentiellement, selon des spécialistes, à assurer la protection et la sécurité des convois militaires en tous genres. Il est donc logique que les soldats marocains se trouvent exposés en cas d’attaque ou d’embuscade perpétrées par les milices armées. Le risque de voir des soldats marocains tomber en assurant leur mission est donc plus élevé. 

Le deuxième élément d'importance à prendre en compte est que les milices anti-Balakas, considérées comme responsables des attaques ayant coûté la vie à des Casques bleus marocains, ciblent principalement la communauté musulmane en Centrafrique. Les éléments des FAR étant eux-mêmes des musulmans, ils font ainsi partie des cibles privilégiées de ces milices. De plus, ces dernières ont aujourd’hui toutes les raisons d'en vouloir aux soldats marocains. Non seulement ils participent aux opérations permettant de faire tomber ces «terroristes», mais les FAR font également preuve d’un engagement sans faille pour protéger la communauté musulmane de ce pays, ce qui empêche souvent les anti-Balakas de perpétrer leurs crimes sanglants. Pour preuve, il suffit de rappeler cette violente attaque du 23 juin dernier, ciblant un site où étaient rassemblés plus de 200 musulmans, et qui avait été vaillamment repoussée par les Casques bleus marocains.

Enfin troisième constat, et non des moindres, le Maroc fait preuve d'un engagement indéfectible dans le maintien de la paix en Centrafrique, mais aussi sur le continent en général. Malgré le lourd tribut payé depuis que ses soldats participent à des missions comme celle de la MINUSCA, le royaume n’a jamais remis en cause sa participation à cette noble mission, contrairement à d’autres pays qui se prévalent de leadership africain, comme l’Algérie ou l’Afrique du Sud, et qui préfèrent ne pas se mouiller dans la sécurisation de certaines zones sensibles du continent. De quoi leur rappeler aujourd’hui que les beaux discours ne suffisent pas pour être un leader. Ce sont les actes et les sacrifices des hommes, permettant au continent d’aller de l’avant, qui font d’un pays une composante indissociable de la famille africaine.

Par Younès Tantaoui
Le 26/07/2017 à 12h26