L’ex-chef du gouvernement, Abdelilalh Benkirane, a repris son bâton de youtubeur prêcheur pour tirer à boulets rouges sur tout ce qui bouge, voire sur tout ce qui ne bouge pas. Emmitouflé dans sa djellaba et bien au chaud dans son salon, il s’en est pris à El Othmani, les djins et les crocodiles même s’il ne les a pas nommés, voire à l’Espagne. S’adressant à quelques membres de la Jeunesse du parti, Benkirane les a incités à s’insurger contre El Othmani tout en prédisant son retour à la tête du parti lors du prochain congrès. L’image du parti a été ternie et il ne faut pas que le PJD se transforme en un groupe de lâches sinon il menace de l’abjurer, a-t-il précisé.
Certains dirigeants de notre parti, poursuit-il, répandent un discours intimidant pour que ses membres se résignent à approuver tout ce qu’on leur propose: «Nous ne voulons pas croupir dans les prisons mais il faut que l’on soit prêts à faire des sacrifices comme l’ont fait les messagers, les prophètes et les réformateurs», a martelé sans vergogne Benkirane l’islamiste qui ne semble pas gêné par cette comparaison farfelue avec les prophètes. Poursuivant son discours, il a appelé à ressusciter le parti tout en faisant allusion à son retour à la responsabilité si la situation l’exige: «Je souhaite que le PJD retrouve son âme et non pas les positions, y compris celle de la présidence du gouvernement».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 24 janvier, que l’ex-secrétaire général du PJD a indiqué qu’il était inacceptable que les militants du parti et du Mouvement (MUR NDLR) soient menacés par des discours intimidants: «Il est vrai que nous ne cherchons pas à créer des problèmes, ni désirons aller en prison ou à l’échafaud. Nous ne souhaitons pas voir se dérouler chez nous ce qui s’est passé dans d’autres pays mais pour ce faire nous ne sommes pas disposés à payer n’importe quel prix». Benkirane compare la situation actuelle du PJD à celle qui a suivi les élections qui ont fait immerger le PAM. Autant dire qu’il aspire implicitement à retrouver sa place au secrétariat général du parti car il maitrise bien l’art de la négociation et de la concession comme il le faisait quand il étudiait à faculté où on le surnommait «Kissinger».
Comme à son habitude, Benkirane ne se lasse pas de répéter qu’il a fait sortir le PJD de ses activités clandestines pour militer dans le cadre de la loi. L’ex-chef du gouvernement a surpris son auditoire quand, sans transition, il a demandé à l’Espagne de présenter ses excuses pour les persécutions des musulmans par les tribunaux de l’inquisition: «Nous demandons à l’Espagne d’avouer ces crimes et de corriger ses erreurs. Les Espagnols se convertissent à l’islam et vont continuer à se convertir», a conclu Benkirane, le youtubeur islamiste prêcheur.