Bataille d'Anoual: un siècle plus tard, ce que vous ne savez pas forcément

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Revue de presseKiosque360. De cette bataille, on ne connait ni le nombre de morts, ni celui des blessés ni encore moins la nature des armes utilisées. Même les photos qui circulent et qui lui sont attribuées se rapportent à un autre affrontement, celui d’El Aroui.

Le 23/07/2021 à 21h32

Pour commencer, il ne s’agit pas d’une bataille à proprement parler. Une bataille renvoie à un affrontement entre deux armées régulières. Or, dans ce cas de figure, il s’agit d’une "confrontation" entre une armée et des milices organisées. En poussant le raisonnement plus loin, on peut dire qu'une "confrontation" n’est pas non plus le mot approprié, on pourrait plutôt parler d’embuscades, d’après le quotidien Al Massae qui consacre un long dossier à cet événement centenaire dans son édition du week-end des 24 et 25 juillet. Une «guérilla», en fait. C’est d’ailleurs de là que vient cette technique adoptée, depuis, par plusieurs autres peuples dans leur lutte de libération.

En outre, poursuit le quotidien, si pour le côté espagnol on peut effectivement parler d’une armée régulière commandée par un général, Manuel Fernández Silvestre, aussi arrogant que chevronné, l’armée d’Abdelkerim n’en était pas vraiment une. Il s’agit plutôt de plusieurs groupes de combattants. Même avec le butin récolté après cet affrontement, elle n’était encore qu’un projet d’armée organisée.

Le général espagnol, et cela très peu de gens le savent aussi, a certes combattu sur plusieurs fronts, mais lorsqu’il est venu au Maroc pour la première fois, ce n’était pas dans l’intention de livrer bataille, mais de former l’armée du Sultan. En effet, de retour de Cuba, cet officier supérieur, qui avait appris l’arabe, a été chargé en 1908, date de son entrée au Maroc, à Casablanca plus précisément, de former et entraîner l’armée marocaine. Ce n’est que plus tard qu’il a été affecté dans le nord du pays.

Le quotidien note que dans son ampleur et ses retombées, la bataille d’Anoual vaut bien celle de Zellaqa et celle d’Oued El Makhazine. En effet, avec cette défaite, en 1921, l’Espagne s’est littéralement retrouvée au bord de l’effondrement. Ses pertes humaines, logistiques étaient aussi importantes qu’inattendues. Cependant, précise le quotidien, nous ne disposons pas d’images de cette bataille. Toutes les images qui circulent et qui montrent les cadavres de l’armée espagnole concernent un autre affrontement (El Aroui) qui a eu lieu bien plus tard. "Nous n’avons pas non plus d'idée précise sur le nombre de morts ni sur celui des prisonniers ni encore moins sur la véritable nature des armées utilisées, surtout par les Espagnols", soulige le quotidien.

Cela dit, poursuit le quotidien, au risque d’en étonner plus d’un, Abdelkerim El Khattabi n’a pas participé personnellement à cette bataille. On pourrait en dire autant pour les notables, les caïds et les chefs de tribus du Rif qui n’en étaient même pas informés. Ils ont d’ailleurs été surpris par cet événement. Ce qui veut dire aussi que la réalité de la situation sur le terrain leur échappait complètement. D’ailleurs, à l’époque, les Rifains étaient divisés par des rivalités et des conflit "fanatiques" de " récalcitrants" et "d'indomptés", alors que les notables des plaines étaient considérés comme des "pro-Espagnols" et des "pensionnaires"des forces d’occupation.

Cela étant, même s’il ne s’agit pas vraiment d’une bataille au vrai sens du terme, la portée symbolique d’Anoual transcende la question de la victoire er de la défaite militaire, c’est un symbole. C’est un événement qui a inspiré beaucoup de monde. D’après le quotidien, au moins 5.000 pages de livres et d'études, dont très peu écrits par des Marocains, ont été consacrées à cette bataille qui est, après tout, le prélude d’une véritable guerre de libération contre les forces coloniales au Nord comme au Centre et au Sud du Maroc. Un événement, qui un siècle plus tard, n’a pas encore livré tous ses secrets. Et pour cause, une grande partie des archives liées à cette bataille est encore gardée à ce jour sous le sceau du secret par l’Etat français.

Par Amyne Asmlal
Le 23/07/2021 à 21h32