Assassinat d’Aït El Jid: les preuves irréfutables d’un crime complet

DR

Revue de presseKiosque360. Le principal témoin a répondu dans les détails aux questions des avocats de la défense. Au moment de la confrontation ordonnée par la Cour, il a réitéré ses déclarations devant les accusés.

Le 17/07/2019 à 19h54

Inlassable, le témoin principal El Khemmar Haddioui est revenu, une heure et demi durant, sur les détails de l’assassinat de l’ancien étudiant gauchiste Benaïssa Aït El Jid. C’était lors de la reprise, mardi 16 juillet à Fès, du procès d’Abdelali Hamieddine, accusé de complicité de meurtre dans le cadre de cette affaire. Le témoin principal a également tenu tête à la défense des accusés répondant dans le détail, sans la moindre hésitation et sans jamais faillir, à la totalité de leurs questions, alors que les avocats de la défense laissaient entendre que le témoin se trouvait en état de perte de conscience et ne pouvait donc se souvenir des faits. Ils espéraient détecter une faille, aussi minime soit-elle, dans ses déclarations pour l’exploiter en leur faveur, souligne le quotidien Al Ahdath Al Maghrebia dans son édition du jeudi 18 juillet.

El Khemmar Haddioui n’est pas tombé dans le piège. Il n’a pas non plus exprimé la moindre indisposition au moment où la cour a ordonné une confrontation avec les accusés, juste après l’interrogatoire auquel il a été soumis par la défense. Le témoin principal a confirmé, de nouveau, tous les faits qui se rapportent à cette affaire. Il a déroulé pour la énième fois la succession des évènements depuis qu’il a quitté le campus de Dhar El Mehraz, un jour de février 1993, à bord d’un taxi de seconde catégorie. Il a raconté comment le taxi a été intercepté par les accusés et comment ces derniers les ont forcés, lui et son compagnon, à descendre du taxi. Il a expliqué encore une fois dans le détail, au risque de heurter la sensibilité de son auditoire et de remuer de nouveau le couteau dans la plaie de la famille du défunt, comme le principal accusé a immobilisé sa victime écrasant son coup avec son pied après l’avoir mise à terre et comment l’un de ses complices lui a fracassé le crâne, se servant d’un morceau de bordure de trottoir. 

Après cet exercice douloureux, aussi bien pour la famille que pour les amis et les anciens compagnons d’Ait El Jid, mais nécessaire pour que justice soit faite, la Cour a décidé de reporter le procès à la séance du 10 septembre prochain. Cela au moment où l’avocat de la partie civile insistait pour poursuivre le procès exprimant son souhait que les jugent puissent se prononcer sur l’affaire avant les vacances judiciaires du mois d’août, relève le quotidien.

Al Ahdath Al Maghribia précise par ailleurs que la défense des accusés avait produit juste avant la reprise du procès la copie originale du rapport du médecin légiste qui a examiné le corps de la victime. Elle a invité la Cour à la joindre au dossier en lieu et place de la photocopie du même rapport qui avait été versé au dossier au début. La requête de la défense a été rejetée, la Cour ayant estimé que la copie du rapport, sur la base de laquelle la juge d’instruction a d’ailleurs instruit l’affaire, est tout aussi valable.

Rappelons que Cour d’appel de Fès avait décidé, en décembre 2018, de rouvrir ce dossier vieux de plus 25 ans, sur la base de nouveaux éléments révélés par l’unique témoin de l’assassinat, El Khammar Haddioui. Au moment des faits, Abdelali Hamieddine, conseiller parlementaire et dirigeant du PJD, militait dans les rangs de ce qui allait devenir plus tard l’Organisation du renouveau estudiantin. A l’époque, cette organisation était encore dirigée par un certain Ahmed Raissouni, ancien président du MUR, le bras idéologique du PJD, et actuel président de l’Union mondiale des oulémas musulmans.

Par Amyne Asmlal
Le 17/07/2019 à 19h54