Altercations au Parlement: le gouvernement et le PJD sous le feu roulant des critiques

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, intervient au Parlement, devant les députés de la Chambre des représentants, à Rabat.

Revue de presseLa vive confrontation entre le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, et les députés du Parti de la justice et du développement (PJD) a déclenché une série de réactions politiques et médiatiques. Entre excuses, critiques et interventions de responsables d’autres partis, l’incident met en lumière les tensions persistantes dans l’hémicycle et la nécessité de restaurer un vrai dialogue. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 04/12/2025 à 18h26

La passe d’armes politique qui a éclaté cette semaine au sein de la Chambre des représentants entre le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, et le député du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdessamad Haiker, a suscité une avalanche de réactions. Entre ceux qui ont dénoncé l’échange tendu et le langage employé par les deux protagonistes, et ceux qui ont pris fait et cause pour le parlementaire islamiste contre le ministre, l’incident a rapidement pris une dimension nationale, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce vendredi 5 décembre.

Au sein du PJD, des figures de proue comme Driss Azami El Idrissi et Abdellah Bouanou se sont immédiatement rangées derrière Haiker. Ils ont vivement critiqué les propos du ministre de la Justice, les jugeant inacceptables et estimant que les sorties d’Ouahbi ne relevaient pas du simple dérapage verbal.

Face à la montée des critiques, le ministre a finalement présenté ses excuses au député, exprimant son regret pour des paroles prononcées sous le coup de l’énervement et condamnant de manière générale de tels comportements dans la scène politique, a-t-on lu.

Mais l’affaire a pris un nouveau tournant avec l’intervention de Lahcen Saadi, secrétaire d’État et membre du bureau politique du Rassemblement national des indépendants. Dans une publication en ligne, Saadi a pris la défense du ministre en estimant que le PJD n’était pas en position de donner des leçons en matière de moralisation du débat public. Selon lui, l’actuel secrétaire général du parti islamiste, Abdelilah Benkirane, est le premier à avoir diffusé un langage de dénigrement et d’invective dans l’espace public, rappelant certaines sorties très médiatisées de l’ancien chef du gouvernement où il comparait ses adversaires à des insectes ou à des microbes. Il a ajouté que le parti devait s’interroger sur ses propres pratiques avant d’en appeler à la retenue des autres, jugeant que ces méthodes avaient terni l’image du PJD et affaibli la crédibilité du travail politique.

Saadi a également souligné que le Parlement constituait une pierre angulaire de la démocratie marocaine, en raison de ses missions de législation, de contrôle de l’action gouvernementale et d’évaluation des politiques publiques, écrit Al Ahdath Al Maghribia. Dès lors, améliorer la qualité des débats au sein de l’hémicycle ne relève pas du confort mais d’une exigence fondamentale de respect des citoyens et de préservation de la confiance envers les institutions.

Cet épisode s’inscrit dans un climat politique particulièrement chargé. Depuis plusieurs semaines, chaque séance parlementaire est marquée par des confrontations répétées entre le groupe du PJD et le gouvernement. Les débats sur la réforme de la profession de adoul ont notamment servi de catalyseur à ces tensions. Une intervention d’une députée du PJD, accusant le ministre de revenir sur des engagements écrits concernant les modalités de dépôt des actes et de céder à la pression des notaires, a été à l’origine d’un vif échange. Les élus islamistes ont évoqué un possible conflit d’intérêts, et dénoncé un projet de loi qu’ils considèrent contraire aux conclusions du dialogue sectoriel, discriminatoire envers les adouls et en recul sur la question de la parité.

La réponse du ministre, qui a affirmé que le texte suivait déjà son parcours législatif et que débattre des détails à ce stade ne ferait qu’entretenir la confusion, n’a pas dissipé les tensions. L’expression ironique qu’il a employée, assimilant les critiques à un «communiqué du Conseil de la Révolution», a exacerbé la colère du groupe du PJD, qui y a vu une attaque politique directe. La situation a dégénéré jusqu’à exiger une intervention des agents de sécurité du Parlement. Une scène rarissime, ayant abouti à une suspension de la séance dans l’hémicycle, à cause de cette atmosphère tendue.

Par La Rédaction
Le 04/12/2025 à 18h26