C’est sans doute une première dans les annales de la diplomatie multilatérale!
Voici un pays affirmant depuis toujours, à hue et à dia, ne pas être partie prenante dans un conflit se passant hors de ses frontières, et qui vient de publier un communiqué officiel pétri de douleur, fulminant de rage, émaillé d’accusations et de trivialité, assorti d’avertissements et de menaces contre un pays qui l’aurait informé de son intention de soutenir le plan d’autonomie proposé par un autre État souverain en vue du règlement pacifique du différend susmentionné.
Première question logique qui s’impose: comment se prétendre non impliqué en exposant à la face du monde sa crise de nerfs?
Les faits -ou, du moins, les incompréhensibles gesticulations- ont eu lieu ce jeudi sous forme de communiqué émanant du ministère algérien des Affaires étrangères, exprimant le «grand regret» et la «profonde désapprobation» du gouvernement algérien en prenant connaissance «de la décision inattendue, inopportune et contre-productive du gouvernement français apportant un soutien sans équivoque et sans nuance au plan d’autonomie sur le Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine».
Il s’agit de la même Algérie qui scande, à qui veut bien l’entendre, sa neutralité, et qui héberge, finance et arme les milices séparatistes du Polisario, tout en étant responsable de la précarité et de la répression vécue sur son sol par les habitants séquestrés des camps de Tindouf. La même qui refuse de s’engager dans le processus des tables rondes incluant les parties prenantes conformément aux résolutions des Nations unies. La même qui palabre sur l’union arabe et africaine durant les sommets, mais mobilise tous les moyens à sa disposition afin de maintenir le blocage, quitte à se fâcher avec tout le monde et à dépenser des milliards de pétrodollars au détriment de l’intérêt de ses propres populations et de la paix dans la région.
Le communiqué est d’autant plus bizarre, aux antipodes des usages diplomatiques, que l’Algérie a été la seule à s’exprimer sur le sujet, avant même les principaux concernés.
Nulle déclaration officielle du Maroc, État-nation millénaire expert en usages diplomatiques et dont la pondération en la matière est la règle.
Nulle annonce de la France dont le soutien au plan d’autonomie marocain est, affirme-t-on, «clair et constant» depuis 2007, bien qu’elle ait tenté, dans un improbable jeu d’équilibrisme, de nager entre deux eaux.
Même pas, pour sauver la face et pour perpétuer la farce, une réaction des mercenaires du Polisario en tant que marionnettes contrôlées!
Qu’est ce qui se prépare alors de nouveau, côté français, et qui aurait provoqué cette sortie irréfléchie proche de l’hystérie?
La décision, selon les termes du communiqué, procéderait «d’un calcul politique douteux, d’un a priori moralement contestable et de lectures juridiques que rien ne conforte ni ne justifie».
Le jeudi soir même, l’entourage de Stéphane Séjourné, chef de la diplomatie française, s’est refusé à tout commentaire alors que, soutenait le texte, «cette décision a été communiquée officiellement aux autorités algériennes par les autorités françaises ces derniers jours».
Dans la vie de Monsieur et Madame Tout-le-monde, cela équivaut à ébruiter à sens unique le secret d’une correspondance.
Dans l’usage diplomatique, on vous laisse apprécier le tact et la finesse de l’étiquette!
Comme nous ne sommes pas à un manquement protocolaire près, le communiqué algérien, claquemuré dans une logique mensongère et dans une représentation fictionnelle du passé et du présent, soutient que «les puissances coloniales, anciennes et nouvelles, savent se reconnaître, se comprendre et se tendre des mains secourables».
C’est se tromper de litanie mémorielle et user d’inversion accusatoire!
L’expansionnisme est le fait de l’Algérie qui rêve de sortir de son enclavement dans la Méditerranée en lorgnant sur un bout de façade maritime océanique de son voisin, dans le sillage du plus ultra des plans de l’ancienne puissance coloniale, par la création d’un mini-État vassal au Sahara occidental marocain.
Dans cette affaire, la victime du système colonial est bien le Maroc, auquel il manquait, en 1956, d’être reconstitué pleinement dans ses frontières précoloniales, ainsi que le stipule la résolution de l’ONU, en date du 14 décembre 1960: «Les territoires coloniaux arrachés à un pays souverain ne peuvent avoir une forme de décolonisation autre que leur réintégration au pays d’origine duquel ils ont été dissociés.»
Or, à l’Indépendance, le Maroc devait non seulement entériner la perte de ses provinces à l’est au profit de l’Algérie, alors possession française, mais faire face, avec la décolonisation du Sahara espagnol en 1975, aux prétentions sur ses provinces sahariennes, immémorialement marocaines, par une organisation fantoche téléguidée par Alger.
Alors, plutôt que de pester encore et de tempêter contre la France, l’Algérie devrait plutôt la remercier de l’avoir gratifiée indûment de territoires appartenant historiquement au Maroc, à la Tunisie, au Mali, à la Lybie…
Pas pour rien que, derrière la critique de façade de la colonisation française, se cachent une adulation sans limite pour ses frontières et un attachement à l’état de fait colonial, de peur de revenir à sa taille historique du temps de la Régence turque d’Alger!