Une personne a été tuée et plusieurs autres blessées dans une violente intervention policière contre une manifestation pacifique de la population d’Aïn Salah, à Tamanrasset, contre l’exploitation du gaz de schiste. Cette intervention, survenue le jour d’Al Mawlid, a été «vigoureusement» dénoncée par le Rassemblement pour la démocratie et la culture (RDC). Dans un communiqué, diffusé mardi 6 janvier, ce parti a condamné «avec la plus grande fermeté la répression qui s’abat sur les populations du sud», en avertissant sur «les périls qui pèsent sur la nation à cause d’une politique qui redistribue la richesse nationale en fonction des rapports de force construits et entretenus par les clans au pouvoir».
La répression qui s’est abattue sur Aïn Salah rappelle cruellement celles de Ghardaïa, Touggourt et Hassi Messaoud, lesquelles ont connu, fin 2014, une vague de protestations sur fond de revendications politiques et sociales. Le vent contestataire qui souffle depuis une semaine sur le chef-lieu de Tamanrasset et qui a connu son pic, samedi dernier, a dégénéré en sanglants affrontements entre une population excédée par une politique qui semble avoir fait de l’équation «répression-corruption» une «ligne de gouvernance» et des forces de l’ordre ayant cultivé, au fil des bavures anarcho-policières, la sinistre réputation de la «gâchette facile».
La politique «répression-corruption» pointée du doigt«La stratégie de répression-corruption a fait son temps» et «seule une scène publique assainie et restituée à la transparence et l’arbitrage citoyen peut éviter le pire à la nation», relève la formation de centre-gauche, le RDC. Alors évidemment, il n’est pas étonnant que les Algériens soient de plus en plus nombreux à s’opposer à toute nouvelle exploitation de puits de pétrole ou de gaz. Les habitants d’Aïn Salah ont investi la rue pour exprimer leur désapprobation, voire leur dénonciation du lancement de la première opération d’exploration du gaz de schiste dans le bassin de l’Ahnit. Idem pour les habitants de Touggourt qui, fin décembre 2014, avaient intercepté et brûlé des camions de transport de carburants, et ceux de Hassi Messaoud, chef-lieu de la wilaya d’Ouargla, sud-ouest algérien connu pour abriter le plus grand gisement pétrolier en Algérie. Tout compte fait, la colère du peuple algérien s’explique davantage par l’avancée dévastatrice de la corruption que par des revendications sociales somme toute modestes.