ALE Maroc-Turquie: la pomme de discorde entre le PJD et le RNI

Aziz Akhannouch et Saâd-Eddine El Othmani.

Aziz Akhannouch et Saâd-Eddine El Othmani. . DR

Revue de presseKiosque360. La déclaration du ministre de l’Industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy, au sujet de la révision de l’ALE entre le Maroc et la Turquie, continue de faire grincer des dents au PJD. Les conseillers de la Lampe entrent en ligne. Une nouvelle crise entre les deux partis est en vue.

Le 24/01/2020 à 19h02

L’accord de libre-échange entre le Maroc et la Turquie est de nouveau sous les feux des projecteurs à l’occasion de la déclaration du ministre de l’Industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy, faisant savoir une éventuelle révision de cet accord.

La déclaration du ministre serait dictée par le devoir de préserver les intérêts du Maroc, d’autant plus que cet ALE provoque des dégâts dans l’économie marocaine, pour environ deux milliards de dirhams, en plus de nombreux emplois qui partent en fumée.

Mais le Parti de la justice et du développement (PJD) n’aurait pas vu les choses sous cet angle. Apparemment, le volet idéologique l’a emporté sur la raison des chiffres et du déséquilibre sur cet axe de libre-échange.

Lors de la réunion hebdomadaire du groupe parlementaire du PJD, le parti, qui conduit la majorité, a choisi de noyer le sujet de l’ALE entre le Maroc et la Turquie dans l’ensemble des ALE scellés par le Maroc avec ses autres partenaires, en soulignant que le déficit commercial est enregistré sur l’ensemble de ces ALE, rapporte le quotidien Al Massae dans son édition du week-end des 25 et 26 janvier.

Et pour bien enfoncer le clou, le parti de la Lampe a accusé directement le Rassemblement national des indépendants (RNI), sans le citer, d’être à l’origine de ces accords. Selon cette logique, le RNI serait donc responsable du déficit commercial enregistré. «Pour comprendre ces données, il faut se remémorer l’époque où ces ALE ont été négociés, avant d’être paraphés et concrétisés et savoir quels ministres étaient aux commandes du secteur du commerce à cette époque», a déclaré Driss Idrissi El Azami, membre du groupe parlementaire du PJD à la première chambre.

Et pour lever toute équivoque, El Azami a indiqué que tous les ministres responsables du département du commerce lors de la conclusion des ALE appartiennent à un seul parti. L’allusion est clairement faite au RNI. C’est dans ce sens d’ailleurs, fait remarquer le quotidien, que le groupe du PJD à la chambre des conseillers a appelé à la réunion de la commission de l’agriculture et des secteurs productifs, en présence du ministre de l’Industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy.

Au menu de la réunion, la discussion des ALE du Maroc avec ses partenaires. C’est Nabil Cheikhi, président du groupe du PJD à la deuxième chambre, qui a adressé la demande dans ce sens au président de la commission de l’agriculture et des secteurs productifs, en s’appuyant sur les dispositions de l’article 61 du règlement intérieur de la chambre des conseillers, précise pour sa part le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du même week-end.

Ainsi, le ministre se trouvera dans l’obligation de parler des 56 conventions liant le Maroc à d’autres partenaires, au lieu de se concentrer sur celle liant le royaume et la Turquie. Indubitablement, fait remarquer le quotidien, les frères de Saâd-Eddine El Othmani n’ont pas digéré le fait de toucher aux intérêts de leurs frères de la Turquie. C’est pourquoi le parti a mis les bouchées doubles pour contrer cette révision, en surfant sur tout l’axe des ALE et surtout en accusant directement le RNI d’être responsable de toutes les anomalies dans ce cadre.

Alors que le Maroc, poursuit le quotidien, a tiré profit des autres accords. Par exemple, rappelle le quotidien, les exportations du Maroc vers les Etats unis ont augmenté de 16% en dix ans, vers les pays arabes de 13% et vers les Emirats arabes unis de 12%. Autant dire que le Maroc ne peut pas revoir tous ses accords. Voilà pourquoi le PJD a opté pour l’ensemble du fichier des ALE pour noyer celui de la Turquie.

Par Mohamed Younsi
Le 24/01/2020 à 19h02