Pour cet ancien diplomate et ministre des Affaires étrangères tunisien, Ahmed Ounaies, l’Algérie a toujours des projets expansionnistes visant ses voisins. Le régime algérien veut depuis longtemps mettre la main sur le Sahara. Pour cela, il a fait tomber le régime de Mokhtar Oud Dada en Mauritanie, la Tunisie de Bourguiba a capitulé devant lui, seul Hassan II lui a tenu tête. Revenant sur la récente reprise des relations avec Israël et l’appel téléphonique du roi avec le président Trump, l’ancien chef de la diplomatie tunisienne estime que c’est une conséquence logique à une longue série de provocations et une inimitié manifeste du régime du régime algérien envers le Maroc.
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Al Ayyam, publiée dans l’édition actuellement en kiosque, l’ancien responsable tunisien a rappelé que le régime des militaires algériens avait renversé Ould Dada en 1978 et voulait détruire le Royaume du Maroc. A la même époque, il avait également visé la Tunisie lors des attaques de Gafsa en janvier 1980. Les visées du régime algérien à cette époque étaient claires, il voulait mettre la main sur les territoires sahariens appartenant aux pays voisins, s’ouvrir un accès vers l’Atlantique et par la même occasion affaiblir ou même détruire ces Etats.
Naturellement, ces visées hégémoniques étaient combattues par les Etats visés mais, souligne l’ancien ministre, «par chance, le Royaume du Maroc a pu faire face à cette politique hégémonique avec tous les moyens dont il disposait». Pour le Maroc, ce fut un combat de longue haleine, précise-t-il. Depuis l’attaque d’Amgala, poursuit l’ancien ministre des Affaires étrangères tunisien, le régime algérien ne cesse de manœuvrer pour détruire le Royaume du Maroc comme il a déjà fait tomber le régime d’Ould Dadda. «Grâce à Dieu, le Royaume du Maroc, qui est fondé sur des bases solides, est toujours là, stable et inébranlable», a-t-il souligné.
Aujourd’hui, alors que les Etats-Unis ont reconnu la marocanité du Sahara, «c’est une victoire pour nous tous. C’est une victoire qui va nous préserver tous (de l’Algérie). C’est pour cela que nous soutenons et appuyons le Royaume du Maroc». Car, ajoute Ahmed Ounis, «si le Maroc tombait, ce serait notre tour après lui». Le responsable tunisien a d’ailleurs expliqué comment l’ancien président de son pays, Habib Bourguiba, a fini par céder une partie de territoire du pays, pour éviter «une bombe à retardement pour la Tunisie». Avec la pression, surtout sous l’emprise de la force, l’Algérie a ainsi pu arracher une partie du territoire à son voisin de l’Est. Un PV d’entente a été dressé en 1968 et l’opération de délimitation des frontières, entamée en 1983, a duré jusqu’en 1995.
Dans cette longue interview accordée à Al Ayyam, l’ancien ministre tunisien, qui a été longtemps ambassadeur à Moscou, a réitéré une position déjà exprimée par l’ancien président Moncef Merzouki. «En Tunisie, nous n’accepterons pas d’un Maghreb à six Etats, tout comme nous rejetons l’hégémonie du régime des militaires algérien», a-t-il martelé. La Tunisie, poursuit-il, n’a jamais cru en l’existence d’une entité sahraouie, «nous croyons en l’accord de Marrakech (en 1989) qui a réuni cinq pays. Et si nous veillons aujourd’hui à la stabilité et à la préservation de l’intégrité des cinq pays, nous pourrons obtenir un Maghreb équilibré et construire un marché commun et, par delà, bâtir la prospérité économique de la région».
Or, regrette-t-il, «les généraux algériens qui ont mis la main sur les richesses du peuple de ce pays et usurpé ses droits et les nôtres œuvrent, eux, pour la balkanisation du Maghreb. Ils veulent démembrer le Royaume du Maroc pour le dominer pour toujours». Pourtant, c’est ensemble et égaux que nous serons forts, note-t-il. Il a d’ailleurs cité le cas de «nos frères de l’Afrique subsaharienne» qui ont construit des marchés régionaux intégrés. «Si nous, nous sommes encore très en retard sur ce volet, c’est à cause du chauvinisme et de la politique des militaires algériens», conclut-il.