La Commission gouvernementale de suivi des élections (Intérieur et Justice) a enfin rendu publique une première liste des personnes entendues par la justice pour fraude électorale. Comme l’avait promis Mustapha Ramid, ministre de la Justice, dans une déclaration à Le360, cette première liste comprend 26 noms dont 10 élus pour siéger au sein de la deuxième Chambre du Parlement.
Cette annonce a fait l’effet d’une bombe au sein des partis. « Il faut être très attentif et respecter le principe de la présomption d’innocence », nous déclare Mustapha Ramid. Néanmoins, les dégâts sont très lourds du côté de l’Istiqlal avec la décision de poursuivre 6 élus (sur un total de 10). Et au sein de la famille personnelle et partisane de Hamid Chabat, ils le sont plus : Naoufal et Nabil Chabat font en effet partie des personnes actuellement entendues par la justice, en plus de Fadwa Karim. Cette dernière, par ailleurs unique femme interrogée par les enquêteurs, est une dirigeante locale du PI à Fès.
Bye Bye l’honnêteté !
Au PJD, la publication de la liste des 26 personnes entendues par les juges d’instruction dans diverses juridictions du royaume a également eu l’effet d’une douche froide pour cette formation politique qui a toujours axé ses campagnes et son discours sur l’honnêteté de ses dirigeants et militants. Hamid Zatni, élu islamiste de Settat, est soupçonné de corruption électorale. Et il n’est pas le seul puisque Youssef Benjelloun, figure de proue du PJD à Tanger, est également entendu par les enquêteurs.
Une Chambre mal élue
Dans le lot, on retrouve aussi de grosses pointures et même un chef de parti : Abdessamad Archane, S.G du Mouvement démocratique et social (MDS) et qui n’est autre que le fils de Mahmoud, fondateur de cette formation politique issue d’une scission au sein du Mouvement populaire (MP).
Abdessamad Archane, dont le père a remporté un siège à la deuxième Chambre, a été élu maire à Tiflet. Plus au sud du pays, on retrouve Brahim Hafidi du RNI. Ce protégé de Aziz Akhannouch a été élu président de la région Souss-Massa. « Au moment de la révision de la Constitution, notre parti a demandé la disparition de cette deuxième Chambre. Ce qui arrive aujourd’hui atteste que notre approche a été pertinente », commente Karim Tej, membre du Bureau politique du PPS (Parti du Progrès et du socialisme).
Le comble, selon des sources partisanes, est que les personnes entendues par la justice (10 conseillers sur 120) auraient été priées de faire profil bas demain vendredi lors de l’inauguration de la session d’automne par le roi Mohammed VI. Et pour finir, ajoutent nos sources, cette première liste ne serait qu’une première fournée. Il faudra s’attendre à d’autres épisodes de ce scandale.