Même si la vacance du poste de président de la région de l’Oriental n’a pas encore été officiellement déclarée, les partis politiques de la coalition gouvernementale (RNI, PAM et Istiqlal) se livrent déjà à une féroce bataille pour hériter de la présidence de cette région, un poste vacant depuis la mise en détention préventive de Abdenbi Bioui, leader du PAM et homme d’affaires, dirigeant d’une entreprise de BTP à capitaux familiaux, Bioui Travaux.
Impliqué dans un scandale lié à un trafic international de drogue, génériquement connu sous le nom «d’affaire du Malien», dans laquelle est aussi empêtré Saïd Naciri, ex-président du Conseil préfectoral de Casablanca (élu au nom du PAM) et ex-président du Wydad, Abdenbi Bioui se trouve actuellement placé en détention.
Cette vacance qu’il a de fait imposée au poste de président de la région de l’Oriental, qu’il occupait jusqu’à son arrestation, menace d’ores et déjà la coalition issue de la majorité gouvernementale, aux commandes de cette région, explique Assabah de ce 3 janvier 2024.
La mise en détention de Abdenbi Bioui oblige donc ces trois partis à une redistribution des cartes, conformément aux équilibres politiques issus du résultat des urnes dans la région de l’Oriental.
Au PAM, le parti auquel avait échu jusqu’ici la présidence de cette région, on désire naturellement conserver ce poste. À l’Istiqlal, dont est issu le premier vice-président du conseil régional, on souhaite ce poste. Et au RNI, arrivé premier lors du scrutin qui avait abouti à la formation du Conseil de la région, avec un total de 17 sièges, la volonté est identique.
Selon les termes de la loi organique relative aux régions, le président du Conseil régional est considéré en cessation d’exercice de ses fonctions en cas de démission, de révocation, de déchéance, de détention sur une période supérieure à six mois, ou en cas de condamnation, en vertu d’un jugement définitif ayant conduit à son inéligibilité. Or, pour le moment, Abdenbi Bioui, bien qu’incarcéré, ne peut être considéré en cessation d’exercice de ses fonctions.
En son absence, c’est le premier vice-président de la région, Omar Hjira, leader de l’Istiqlal et ancien président du Conseil communal d’Oujda, qui assure l’intérim de la présidence de la région de l’Oriental, jusqu’à ce que la cessation des fonctions du président actuel soit officialisée.
Selon des interlocuteurs interrogés par Assabah, Omar Hjira s’active déjà pour être à même de succéder à Abdenbi Bioui, au cas où le départ de celui-ci serait entériné, à cause de ses démêlés avec la justice.
Déjà initiée, l’ardue mission de la recherche de candidats à la succession (non encore officielle) de Abdenbi Bioui se retrouve semée d’embûches, car les trois formations qui forment la coalition aux commandes du Conseil de cette région ont obtenu, lors du scrutin qui a mené à leur élection, des scores aux résultats rapprochés.
Alors que le RNI s’est adjugé 17 sièges au Conseil régional de l’Oriental, le PAM en a remporté 16, et l’Istiqlal en a remporté 12, explique Assabah. Ces résultats contraignent donc ces trois partis à devoir trouver un compromis.
De l’avis d’interlocuteurs du PAM, interrogés par le quotidien, «le plan du parti» consistera à pousser son représentant, le troisième vice-président du Conseil régional, Mohamed Bouarourou, à se présenter comme candidat unique de la majorité aux commandes du Conseil régional.
En ce qui concerne le RNI, des sources évoquent «la volonté du parti à présider aux destinées de la région de l’Oriental», avec un candidat à proposer: Salah El Abboudi, qui est actuellement le deuxième vice-président du Conseil.