Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a prononcé un sévère réquisitoire ce samedi matin à l’ouverture du congrès constitutif de l’association des ingénieurs du PJD contre ceux qu’il a appelé les "ennemis des réformes et de l’assainissement dans le nouveau Maroc".
Il a aussi critiqué des journaux marocains, assurant au passage que son parti continuera à assumer sa mission au pouvoir, balayant d’un revers de la main un éventuel recours à des élections législatives anticipées, un des scénarios envisagés par des partis politiques pour mettre fin à la crise gouvernementale, a constaté Le360. "Nous sommes au gouvernement et au pouvoir pour appliquer les réformes. Je ne comprends pas ceux qui parlent d’élections anticipées", a affirmé. Et de poursuivre que "le gouvernement agit dans l’harmonie. Il n’y a pas de crise. Personne n’est venue me dire quoi que ce soit à ce sujet", faisant allusion au Palais royal. Le chef du PJD a vilipendé le secteur de l’information notamment la presse écrite dans laquelle il dit "lire des choses incroyables". Sans citer de nom, Abdelilah Benkirane s’est demandé qui "sont les parties qui sont derrières ces journaux".
"Nous ne nous plierons pas"
"Nous ne nous plierons pas et nous ne céderons pas. La bataille contre la dépravation et la corruption ne fait que commencer", poursuit Benkirane. Les adversaires des réformes, a-t-il souligné "nous les avons recensés, notre méthodologie est celle qui milite pour l’intérêt du pays", a-t-il lancé. Et de déplorer la "dualité du politicien avec le pouvoir", une "logique immorale qui s’est installée et a survécu dans le pays depuis la fin du protectorat", montrant du doigt l’enrichissement illicite dont ont profité certains milieux.
Lors de son intervention, le chef de l’Exécutif n’a épargné personne. Il a plaidé pour la monarchie et le référentiel islamique du PJD et du Maroc, défendu l’histoire riche du royaume. Il a appelé les ingénieurs à contribuer au progrés mais a également critiqué l’opposition parlementaire.
L’opposition en a eu également pour son compte en particulier sur la répartition du droit d’intervention lors des séances mensuelles où le chef du gouvernement répond aux questions de politique générale. "Ils (députés de l’opposition) ont réclamé 50% du temps de parole pour la majorité et 50% pour le reste. J’ai accepté. Ils sont revenus à la charge en demandant 1/3 du temps pour le chef de l’Exécutif et le reste réparti entre l’opposition et la majorité. J’ai accepté. Maintenant, ils veulent que je ne parle pas au peuple directement. Eh bien je dis non ! Je continuerai à parler au peuple", a-t-il martelé sous les applaudissements de l’assistance.
Abdelilah Benkirane a achevé son allocution par une boutade visant l’opposition: "je vous aide pour que vous marquiez des buts contre moi et mon camp mais si j’encaisse trop, mes supporteurs n’aimeraient pas ça du tout".