Le programme d’aide sociale directe tire son essence des valeurs de solidarité ancrées dans l’ADN des Marocains. À forte teneur sociale, ce projet innovant et volontariste se démarque par son impact direct sur le quotidien des citoyens et sur les conditions de vie des catégories les plus vulnérables.
Le Roi a fixé les grandes orientations et objectifs de ce programme dans un discours prononcé au Parlement, le 13 octobre 2023, en présence des patrons du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.
Ce projet de grande envergure, dont la mise en œuvre est supervisée par le Roi, redéfinit le rôle même de l’État dans sa dimension purement sociale. «Au-delà de leur impact positif socialement, psychiquement et économiquement sur la population, les aides directes contribuent à un changement de perception du rôle de l’État chez les plus démunis», souligne Adnan Debbarh, essayiste politique.
Et d’ajouter: «D’un appareil exerçant uniquement la violence légitime, il se transforme en vecteur d’inclusion et de lutte contre la pauvreté. D’une vision craintive de l’État, on est en train de construire les bases d’un nouveau contrat social, avec les légitimités politiques qui en découlent».
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Le programme d’aide sociale directe arrive en outre à point nommé, dans un contexte marqué par une forte poussée inflationniste, et s’inscrit dans la continuité des projets à forte charge solidaire comme l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), le régime d’assistance médicale (RAMED), l’assurance maladie obligatoire (AMO) ou la généralisation de la protection sociale.
Concrètement, les aides sociales directes ciblent les familles avec des enfants en âge d’être scolarisés ou celles en situation de fragilité et qui ne bénéficient d’aucune aide familiale, avec le but de leur offrir un filet de protection sociale et soutenir leur pouvoir d’achat. Les familles concernées reçoivent un soutien financier mensuel, qui varie selon la composition de chaque famille et la situation de ses membres (avec montant minimal de 500 dirhams), une fois les conditions d’éligibilité remplies, notamment la satisfaction du seuil de score retenu dans le Registre social unifié (RSU).
Plus de 3,8 millions de familles bénéficiaires
Conçu sur une base inclusive, qui constitue la trame de tout projet social initié par le Souverain, ce programme cible 60% des familles marocaines non couvertes actuellement par les régimes de sécurité sociale. Un dernier bilan, actualisé fin juin 2024, fait état de 4,6 millions de demandes enregistrées via la plateforme électronique dédiée à cet effet. Le nombre de bénéficiaires a atteint quant à lui 3,81 millions de familles, pour un montant total estimé à 2 milliards de dirhams.
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«L’aide directe est une pratique louable qui a donné de bons résultats dans plusieurs pays, notamment en Indonésie, au Mexique et au Brésil», soutient Lahcen Haddad, député istiqlalien et ancien ministre du Tourisme. À la différence de l’assistanat, poursuit-il en se référant à Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998 (qui a participé à la création du premier rapport onusien sur le développement humain en 1990), l’aide sociale directe se veut «un investissement dans le renforcement des capacités des personnes démunies».
Pour Lahcen Haddad, les aides directes ne créent pas une dépendance, mais plutôt une autonomie. «Les transferts vont contribuer à faire sortir ces gens de la sphère de pauvreté, en investissant dans la scolarisation des enfants, l’accès à la santé, les activités génératrices de revenus, etc.», soutient-il.
Un objectif social, mais aussi économique
Le Souverain a donné ses instructions au gouvernement pour que la mise en œuvre de ce programme soit un modèle de réussite, insistant sur le strict respect des principes de solidarité, de transparence et d’équité dans l’attribution de l’aide.
«Les aides sociales directes répondent à un souci d’équité, dans la mesure où elles permettent aux enfants des ménages vulnérables de bénéficier des allocations familiales, au même titre que les enfants des fonctionnaires et des salariés du secteur privé», explique à son tour, Mohamed Jadri, économiste. Ces aides, poursuit-il, répondent à un objectif social, mais aussi économique. «L’amélioration du pouvoir d’achat qui en découle a un impact bénéfique sur la demande intérieure et, partant, sur l’investissement des entreprises, contribuant ainsi à la création de richesse et d’emplois», a-t-il ajouté.
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Dotée d’un budget global de 25 milliards de DH (MMDH) en 2024, qui sera porté à 29 MMDH par an en 2026, l’opérationnalisation de ces aides sociales directes a été complétée par le lancement du nouveau programme d’aide à l’accès au logement. Ce dernier, qui s’étale sur la période 2024-2028, vise à renouveler l’approche d’aide à l’accès à la propriété et à venir en aide au pouvoir d’achat des ménages, à travers une aide financière directe à l’acquéreur.
Y sont éligibles les Marocains résidant au Maroc ou à l’étranger, qui ne sont pas propriétaires au Maroc et qui n’ont jamais bénéficié d’une aide au logement. Les montants de l’aide ont été fixés en fonction de la valeur du logement acquis: 100.000 dirhams pour l’acquisition d’un logement dont le prix de vente est inférieur ou égal à 300.000 DH TTC, et 70.000 dirhams pour l’acquisition d’un logement entre 300.000 DH et 700.000 DH TTC. Jusqu’au 15 juillet dernier, le nombre de bénéficiaires de ce programme s’élevait à 17.000 personnes, dont 44% de femmes et 22% de Marocains résidant à l’étranger (MRE).
Faciliter l’accès au logement
Le nouveau programme d’aide au logement permettra, sur le plan social, de faciliter l’accès au logement pour les classes sociales à faible revenu et la classe moyenne, de réduire le déficit en logement et d’accélérer l’achèvement du programme «Villes sans bidonvilles». Sur le plan économique, ce programme devrait contribuer à accroître l’offre de logements, à redynamiser le secteur de l’habitat et à stimuler la création d’emplois, notamment chez les PME.
Avec ses deux composantes, le nouveau dispositif d’aides directes traduit la volonté du roi Mohammed VI de protéger les catégories vulnérables et l’ambition d’immuniser la famille contre tous les risques qui entravent son épanouissement, et partant réunir les conditions d’une «société plus productive et plus entreprenante, solidaire et mieux protégée face aux urgences et aux fluctuations conjoncturelles», comme l’a souligné le Souverain dans son discours d’ouverture de la première session de la troisième année législative de la 11ème législature.