M. Hadi s'était installé dans la capitale saoudienne Ryad après avoir été contraint le 25 mars dernier à quitter Aden, où il s'était réfugié devant la progression des rebelles chiites houthis, qui avaient conquis la capitale Sanaa et de vastes pans du territoire. Il a promis mardi soir un retour rapide à Sanaa. "Le retour dans la capitale Sanaa est pour bientôt, après la libération de toutes les villes et provinces, (aux mains) des milices putschistes", a-t-il dit dans une brève déclaration publiée par l'agence officielle Saba.
Son retour, deux jours avant Aïd Al Adha fait suite au retour du vice-président Khaled Bahah et de plusieurs ministres la semaine dernière à Aden, reprise à la mi-juillet aux rebelles. Le président Hadi, reconnu par la communauté internationale, est arrivé à bord d'un avion militaire saoudien qui a atterri discrètement en début de soirée sur la base aérienne attenante à l'aéroport civil d'Aden, a précisé une source de sécurité.
Insécurité
Plusieurs de ses collaborateurs et membres du gouvernement l'ont précédé en fin d'après-midi à bord d'un appareil de la compagnie Yemenia qui a atterri à Aden, a-t-on ajouté. On ne sait pas encore si M. Hadi va s'installer définitivement dans la grande ville portuaire du sud où l'insécurité persiste, comme dans les quatre autres provinces reconquises cet été par les forces anti-rebelles avec l'aide de la coalition arabe dirigée par Ryad.
En reprenant l'initiative dans le sud, les forces anti-rebelles, appuyées par les troupes de la coalition, ont lancé le 13 septembre une vaste offensive dans la province de Marib (centre), à l'est de Sanaa, avec l'objectif d'avancer sur la capitale, aux mains des Houthis depuis un an.
Mais cette offensive terrestre, engageant des milliers de soldats des Emirats Arabes Unis et d'Arabie saoudite notamment, semble être ralentie par les Houthis et leurs alliés, les unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, cible par ailleurs d'intenses raids aériens de la coalition, souvent meurtriers.
Rétablir les services publics
Quatre rebelles ont été tués mercredi dans un raid aérien à l'est de Marib, chef-lieu de la province de même nom, et deux autres ont péri dans une frappe à Jufeinah, une localité plus à l'ouest que les forces progouvernementales n'arrivent pas à reprendre, selon des sources militaires.
Dans un quartier résidentiel de Sanaa, au moins vingt et un rebelles et civils ont péri lorsque des avions de combat ont pilonné dans la matinée une permanence des rebelles, endommageant des habitations proches, selon des témoins et des sources médicales. Selon les mêmes sources, les forces loyalistes ont perdu deux de leurs soldats dans un accrochage avec des Houthis au nord de la ville de Marib.
Rétablir les services publics
Alors que le gouvernement de M. Bahah tente, depuis son retour à Aden, de sécuriser la ville et de rétablir les services publics, lourdement affectés par la guerre, l'organisation Al-Qaïda, fortement implantée dans le sud, continue d'être active dans la province voisine du Hadramout. Des membres du groupe extrémiste ont procédé à la destruction de vieilles tombes et à la vente d'un stock de pétrole à Moukalla, chef-lieu du Hadramout, provoquant l'indignation de la population, impuissante face à ces insurgés qui contrôlent leur ville depuis avril dernier, a rapporté mardi un responsable local.
Partis en juillet 2014 de Saada, leur fief dans le nord, les Houthis ont rapidement pris le contrôle de la capitale Sanaa et de vastes territoires du Yémen avant de progresser vers Aden, poussant le président Hadi à se réfugier en Arabie saoudite. Le royaume saoudien a alors pris la tête d'une coalition arabe, intervenue pour rétablir l'autorité de M. Hadi et empêcher les rebelles de prendre le contrôle de tout le Yémen, son voisin du sud.
A la faveur de la reconquête des provinces du sud, une partie du gouvernement yéménite est revenue également à Aden après six mois d'exil.
Le conflit au Yémen a fait près de 4.900 morts et quelque 25.000 blessés depuis mars, selon l'ONU.