Vidéos. Équipements militaires: avec ses drones de combat, la Turquie prend de l'altitude

Le drone Anka, de 8,6 mètres de long et d'une envergure de 17,6 mètres, est fabriqué dans les immenses installations ultra-sécurisées de Turkish Aerospace à Ankara, dans d'immenses hangars où 10.000 personnes, dont 3.000 ingénieurs, sont employées. Photo du 5 mars 2021.

Le drone Anka, de 8,6 mètres de long et d'une envergure de 17,6 mètres, est fabriqué dans les immenses installations ultra-sécurisées de Turkish Aerospace à Ankara, dans d'immenses hangars où 10.000 personnes, dont 3.000 ingénieurs, sont employées. Photo du 5 mars 2021. . Adem ALTAN / AFP

Le 19/03/2021 à 06h58

VidéoQue ce soit en Syrie, en Libye ou plus récemment en Azerbaïdjan, les drones armés turcs ont enchaîné ces derniers mois les succès militaires retentissants, une exposition dont Ankara entend tirer profit pour prendre son envol comme exportateur majeur de ces appareils.

Outre la dimension purement militaire, ces drones offrent à la Turquie un levier de pression dans sa quête d'élargir ses zones d'influence à la faveur de la politique étrangère de plus en plus affirmée du président Recep Tayyip Erdogan.

En Syrie, c'était pour venger la mort de dizaines de ses soldats et stopper la progression des forces du régime dans la province rebelle d'Idleb (nord-ouest) que la Turquie avait eu un recours massif aux drones de combat.

En Libye, les aéronefs turcs télépilotés ont volé au secours du gouvernement de Tripoli, allié d'Ankara, mettant en déroute les forces du général dissident Khalifa Haftar qui étaient arrivées aux portes de la capitale.

Et à l'automne dernier, les drones turcs ont permis à l'armée azerbaïdjanaise d'infliger une cuisante défaite aux forces arméniennes dans le conflit au Nagorny Karabakh.

Très médiatisés, ces conflits ont servi de publicité en mondovision aux prouesses des drones turcs au moment où la Turquie s'efforce de promouvoir à l'export ses équipements militaires, avec les drones comme clou de l'offre.

"En termes de rapport qualité-prix, nous sommes les meilleurs. Il y a différents drones dans le monde, mais si on compare leurs prix et caractéristiques avec les nôtres, la différence est énorme", affirme à l'AFP Serdar Demir, directeur du marketing et de la communication à Turkish Aerospace. 

"Si un système de drones avec les mêmes caractéristiques que les nôtres est fabriqué par un autre pays, son prix sera le double", assure-t-il, rencontré dans son bureau à Ankara.

© Copyright : Adem ALTAN / AFP

Les Industries Turques de la Défense -SSB, rattachées à la présidence turque, chapeautent les compagnies étatiques du secteur de la défense, dont Turkish Aerospace, fabriquant du drone Anka.

"Nous avons voulu nous lancer dans un domaine dans lequel nous pouvions être leaders ou à la pointe des nouvelles technologies, et les drones sont parfaits pour cela", explique Serdar Demir.

Les premiers drones armés fabriqués en Turquie ont été utilisés par l'armée dès 2016 contre les rebelles kurdes du PKK dans le sud-est du pays.

Si Turkish Aerospace a conclu en décembre avec la Tunisie son premier accord d'exportation pour son drone Anka, d'une valeur estimée à 80 millions de dollars, la compagnie privée Baykar, dirigée par un gendre du président Erdogan, a déjà exporté ces dernières années son modèle vedette, le Bayraktar TB2, en Ukraine, au Qatar et en Azerbaïdjan.

"Notre industrie de la défense donne naturellement la priorité à nos propres besoins, mais sa viabilité passe par l'exportation", souligne Serdar Demir.

"De nombreux pays d'Asie de l'Est et du Sud, du Moyen-Orient et d'Afrique du nord, et même d'Europe, sont intéressés par nos systèmes et drones. Leurs représentants sont venus en Turquie et certains d'entre eux sont en train d'examiner nos offres", ajoute-t-il.

Les Etats-Unis ont interdit en décembre l'attribution de tout nouveau permis d'exportation d'armes au SSB et imposé des sanctions contre Serdar Demir en représailles à l'acquisition par la Turquie de missiles S-400 russes.

Mais Serdar Demir minimise l'impact de ces sanctions et assure que la Turquie sera en mesure de produire localement les composants et équipements qu'elle ne pourrait plus obtenir des Etats-Unis.

"Cela pourrait prendre un peu de temps et être coûteux, mais à la fin, on le fera", dit-il.

Dans un marché de la défense très concurrentiel, Serdar Demir affirme que certains pays parmi "les exportateurs traditionnels" voient d'un mauvais oeil la montée en puissance de la Turquie.

"A chaque fois que vous voulez entrer dans un marché, ils font tout pour vous en empêcher", affirme-t-il. "La seule façon de surmonter cette difficulté est de faire parler la qualité de votre produit en termes de prix et de performance".

Le drone Anka, long de 8,6 mètres et avec une envergure des ailes de 17,6 mètres, est fabriqué dans les immenses installations ultrasécurisées de Turkish Aerospace à Ankara qui s'étendent sur 400 hectares, parsemés de hangars. L'entreprise emploie environ 10.000 personnes, dont 3.000 ingénieurs.

"Ce qui rend Anka spécial est le fait que la plupart de ses composants, les pièces importantes, sont conçus et fabriqués en Turquie", vante Serdar Demir, vice-président de Turkish Aerospace en charge du marketing et des communications. "C'est le produit le plus local, on ne dépend pas d'autres pays".

Il énumère une kyrielle d'attributs du véhicule aérien qui ont séduit le premier acheteur à l'international avec le contrat conclu avec la Tunisie, notamment "une autonomie de 25 heures dans les airs, une charge utile de 250 kilos" et, argument crucial pour le pays nord-africain, le fait qu'il soit "adapté au climat chaud".

Selon Emre Caliskan, analyste au cabinet IHS Markit, l'une des raisons qui ont poussé la Turquie à mettre les bouchées doubles dans le développement de drones réside dans les purges qui ont suivi le putsch manqué contre le président Erdogan en 2016 et qui ont particulièrement touché l'armée de l'air.

"La Turquie s'est retrouvée avec moins de pilotes de F-16 que de chasseurs F-16. Former de nouveaux pilotes de F-16 prend jusqu'à quatre ans, alors qu'il ne faut que neuf mois pour ceux de drones", explique-t-il.

"La Turquie a essayé de compenser le déficit de capacités de l'armée de l'air avec la technologie de drones", ajoute-t-il.

Selon lui, cet essor a permis à la Turquie "même en tant que puissance moyenne, de défier les intérêts de pays de premier rang militairement".

"Les succès des drones turcs contre des systèmes de défense russes ont changé la donne en faveur de la Turquie en inversant le rapport de forces en Syrie, en Libye et au Nagorny Karabakh", souligne-t-il.

"Avoir des capacités de combat en drones est une source cruciale de puissance militaire. Et cette puissance militaire est un atout au service de la politique étrangère", résume Can Kasapoglu, analyste de questions de défense au centre de réflexion Edam à Istanbul.

Et aussi un vecteur de rapprochement? Le président Erdogan a en effet affirmé mardi dernier, 16 mars 2021, que l'Arabie saoudite, en difficulté dans sa guerre au Yémen, avait fait une demande auprès d'Ankara pour lui acheter des drones de combat, en dépit de relations très tendues entre les deux géants du monde musulman.

Le 19/03/2021 à 06h58

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

Merci à la modération pour leurs efforts

Une loi cadre a été récemment adoptée , sous l'égide de sa majesté consciente des enjeux sécuritaires et de souveraineté nationale, cette loi permettra des investissements et l'ouverture du marché de l'armement aux entreprises privées sur le modèle du complexe militaro-industriel américain : le Royaume est en retard par rapport à ses voisins menaçants et il doit avoir son industrie ballistique, aérospatiale,navale et numérique il y a un gisement d'emplois potentiel énorme qui éviterait la fuite des cerveaux et réduirait le chômage en dynamisant la qualification professionnelle Outre les métiers spécifiques,les répercussions dans le domaine civil engendrera des emplois induits Le Royaume ,a les capacités de relever ce défi il en va de sa souveraineté future

Le Maroc vient de mettre un système en place Pour pouvoir fabriquer des armes et des munitions maison suivant un accord avec certains amis

Puisque le Maroc produit des voitures et des bus localement, pourquoi ne pouvons-nous pas imiter les mêmes processus, la même technologie et savoir comment commencer à fabriquer nos propres véhicules de transport militaire ou même des véhicules blindés dont nos armées pourraient bénéficier et dont le Maroc pourrait également devenir exportateur de ces véhicules dans toute l’Afrique comme le fait la Turquie.

@FesBurgh: "Pourquoi pas nous ?" C'est avant tout une question de capitaux; beaucoup de capitaux ! Avant de rentrer dans ses frais, l'investisseur doit tout avancer: études de faisabilité/marché, conception, recrutements, formation, industries en amont et en aval pour les composants; prototypes, installations de production, commercialisation, sécurisation; etc...Evidemment, vu l'aspect sensible de la sécurité, l'implication de l'Etat est capitale pour tout projet de ce type (on revient ici aussi à l'aspect financier). Vous me diriez : quand on VEUT, on PEUT. Oui, c'est là toute la nuance. Si des pays comme Israël, la Turquie, la Corée du Nord (et même l'Iran dans une moindre mesure) ont pu développer leur propre industrie militaire, et se font respecter, c'est qu'ils l'ont ardemment voulu,

Je me souviens, y a quelques années un jeune de la région de Rissani à réussi à fabriquer et faire voler un drone avec du carton et des pièces de recup. Seul gain le caïd ect... détruise le drone et le jeune poursuivis.

Et nous, le Maroc là-dedans ?! Nous ne pouvons nous permettre d'en rester de simples acheteurs avec tous les dangers qui nous entourent ! Je prie pour qu'un jour on ait nous aussi notre propre programme de développement de drones avec une technologie 100% marocaine !

Amen! Je prie avec vous. En 2016 on a parlé d'un drone civil fabriqué par un ingénieur marocain pour différentes utilisations, en est où? Pourquoi on n'a pas donné sa chance à cette entreprise pour développer une partie de drones à usage militaire et de surcroit armés comme ont fait les turcs avec l'ingénieur Bayrakdar dont les drones portent son nom. Dans les relations internationales, il y a pas d'amitié que des intérêts alors soyons intelligents, seule une industrie de défense marocaine pourra défendre nos intérêts car ni la France, ni Israel ni les USA ni aucun d'autre ni nôtre ami, ils sont là juste parce qu'ils ont un intérêt avec nous pour le moment. Capitalisons sur la reprise des relations avec Israël et créons une jointe venture pour fabriquer des drones armés et des munitions.

On est où nous? A quand un drone armé purement marocain? On ne manque pas de bras, nos ingénieurs sont parmi les meilleurs au monde, pourquoi nous n'avons pas de politique de développement de notre industrie d'armement pour subvenir au moins à une partie des besoins de notre armée? Quand je vois comment des groupes qualifiés de terroristes comme le hesbollah ou les houtis sont capables de fabriquer des missiles parfois balistiques alors que nous qui possède une armée professionnelle et pas mal d'industries, nous payons le prix fort pour s'en procurer. Aujourd'hui, tout le monde fabrique des drones, on est où de tout ça? Si on avait réussi à fabriquer nos propres drones armés avec leurs munitions comme font les turcs ou les iraniens, notre pays sera redouté par nos voisins et respecté

Cela est prévu , et le Royaume va gagner beaucoup de temps grâce aux transferts de compétences et à la retroingenierie Le Royaume va même ressortir un vieux projet : l'acquisition d'une centrale nucléaire Ses partenaires l'en avait dissuader pour éviter la prolifération nucléaire que ne manquerait pas de provoquer son voisin aux aguets

0/800