Les Etats du monde entier auront du 31 octobre au 12 novembre pour négocier à Glasgow, en Ecosse, et s'engager plus concrètement à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
"Nous pouvons soit sauver notre monde soit condamner l'humanité à un avenir infernal", a mis en garde jeudi dernier le secrétaire général de l'ONU devant les ministres d'une cinquantaine de pays réunis pour préparer cette échéance cruciale. "Echouer reste une possibilité mais nous ne pouvons, ne devons pas, l'accepter", a insisté Antonio Guterres.
En août, les experts climat de l'ONU (Giec) avaient alerté contre le risque d'atteindre le seuil de +1,5°C de réchauffement autour de 2030, dix ans plus tôt qu'estimé.
Face au constat implacable de la science, et aux inondations, tempêtes, canicules et incendies ravageurs qui déferlent sur tous les continents, la solution est sans équivoque: il faut réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre en réformant profondément nos modes de production et de consommation.
"C'est une course contre la montre", souligne la responsable climat de l'ONU Patricia Espinosa à l'AFP.
Selon la dernière évaluation de l'ONU, les engagements actuels des Etats mèneraient vers un réchauffement "catastrophique" de 2,7°C, bien loin de l'objectif de l'accord de Paris de maintenir ce réchauffement bien en deçà de +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, si possible à +1,5°C.
Dans ce contexte, les objectifs de la COP26 sont ambitieux: garder l'objectif de 1,5°C "à portée de main" en visant la neutralité carbone en 2050, mobiliser la finance, accélérer l'adaptation aux impacts.
Une ambition que le Premier ministre britannique Boris Johnson a résumé en quatre mots: "Charbon, voitures, cash et arbres"...
... En référence à la transition vers l'énergie propre et les véhicules électriques, l'aide promise aux pays en développement et l'arrêt capital de la déforestation.
Confiance en berneParmi les sujets explosifs, la promesse toujours non tenue des pays développés de porter à 100 milliards de dollars par an en 2020 leur assistance aux pays pauvres pour s'adapter aux impacts du changement climatique et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Et la solidarité en général entre le Nord, responsable du réchauffement, et le Sud, en première ligne face aux impacts.
"J'imagine qu'il y aura beaucoup de colère et de déception, il y a un énorme déficit de confiance", commente Tasneem Essop, patronne du Climate Action Network qui rassemble plus de 1.500 ONG.
En plus, avec le Covid-19, "cette COP se déroule à un moment où le fardeau et la souffrance sont ressentis vivement par les pays en développement, après la réticence des pays riches à être solidaires avec les plus pauvres pour fournir des vaccins", déclare-t-elle à l'AFP.
La crainte d'une inégalité d'accès à Glasgow liée au virus ajoute encore aux tensions, malgré les vaccins proposés par les Britanniques aux participants qui le souhaitaient et leur promesse de financement des hôtels pour ceux soumis à une quarantaine.
"Nous sommes toujours inquiets quant à la possibilité de pouvoir envoyer nos délégués à la COP26, pour négocier des questions clé liées au changement climatique, qui auront un impact si profond sur nos peuples", a ainsi regretté sur Twitter le président du groupe des Pays les moins avancés Sonam P. Wangi.
Et la Chine?Le président britannique de la COP Alok Sharma a reconnu jeudi des inquiétudes pour certains pays, notamment les petites îles du Pacifique, mais a assuré travailler pour résoudre les problèmes. Les inscriptions à la COP sont "très bonnes", et "plus de 100 dirigeants ont confirmé leur présence en personne" pour le sommet des 1er et 2 novembre, s'est-t-il réjoui.
Mais c'est surtout pour la participation des représentants de la société civile, maillon primordial de ces conférences climat, que s'inquiètent les ONG.
A quelques semaines du début des négociations (31 octobre au 12 novembre), les observateurs notent toutefois quelques signaux positifs. En particulier l'annonce par les Etats-Unis de leur intention de doubler leur aide climat aux pays pauvres en la portant à 11,4 milliards de dollars par an, et celle de la Chine, qui s'est engagée à arrêter de construire des centrales à charbon à l'étranger.
La vraie question reste "qu'est-ce que va faire la Chine" concernant ses engagements intérieurs, note cependant Alden Meyer, analyste au cercle de réflexion E3G.
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Le président Xi Jinping a annoncé, il y a un an, viser la neutralité carbone d'ici 2060 et un pic d'émissions "autour de 2030", mais le pays responsable de plus d'un quart des émissions mondiales n'a pas soumis à l'ONU d'engagements révisés, comme le prévoit l'accord de Paris. Plus de 50 autres pays manquent encore à l'appel, dont l'Inde.
Sur la route vers Glasgow, le sommet du G20 fin octobre permettra déjà de se faire une idée.
"Le scénario optimiste serait que le G20 donne un élan vers Glasgow", estime Alden Meyer. "Le moins optimiste serait une impasse et une arrivée au sommet de Glasgow sans véritable unité" de ces pays responsables de 80% des émissions, s'inquiète-t-il.