Officiellement, la réunion de ce mercredi 12 août entre le gouvernement algérien et les 48 walis que compte le pays avait pour objectif d’évaluer les «étapes de mise en œuvre du développement des zones d’ombre». Pour rappel, il s'agit là d'une appellation algérienne, empruntée au jargon sismique, pour désigner les zones non «atteintes» par le développement, et qui sont au nombre de 15.000 en Algérie, dont 300 à Alger même.
Sur ce point, le président algérien a quasiment vociféré à la face des gouverneurs et ministres, dont certains, accusés de ne pas l’accompagner dans ses efforts pour «créer la nouvelle Algérie», leur reprochant de «se contenter de démontrer leur travail uniquement devant la caméra».
Tout en les menaçant de subir le sort de hauts responsables limogés hier, mardi 11 août, il leur a signifié que leur «comédie digne d’un cinéma» n’a plus lieu d’être dans la nouvelle Algérie où, dit-il, «un mouvement populaire tout en civisme (clin d’œil au Hirak dont les leaders sont condamnés à de lourdes peines de prison, Ndlr) a eu lieu, en plus de toutes les décisions prises récemment par l’État».
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Pour ce qui est des autres mouvements de colère qui ont spontanément secoué plusieurs régions du pays ces derniers jours, en protestation contre les coupures d’eau et d’électricité, et même de pensions de retraite, Tebboune a ressorti sa sempiternelle parade: des Algériens ont été manipulés pour manifester. En effet, selon lui, «l’Algérie est visée par des lobbies d’argent corrompu, et le citoyen algérien est victime de plusieurs actes d’escroqueries exercés par des bandits, magouillant dans les fonds corrompus qui subsistent toujours dans la société».
Pour éviter que la grogne sociale ne s’étende aux hôpitaux, débordés par le nombre de malades (36.699 cas positifs depuis le début de l’épidémie de Covid-19 et 1.333 décès), Tebboune a ordonné aux walis, dont il annoncé que quatre d’entre eux étaient atteints de coronavirus et donc absents, de tout faire pour verser aux personnels soignants les «primes qu’ils leur avait promises il y a plus de six mois», et qui restent toujours en souffrance. Reconnaissant aussi que la situation sanitaire est à la limite du maîtrisable, Tebboune a donné carte blanche aux walis pour reconfiner, s’il le faut, toutes les populations relevant de leur territoire en cas d’aggravation locale de la pandémie.
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Revenant une nouvelle fois sur les «comploteurs», il accuse cette fois-ci l’ancien patron des patrons algériens, Ali Haddad, de mener, depuis sa prison, un lobbying aux USA, visant à entraver la «marche de la nouvelle Algérie». Et le président algérien de se demander comment l’ex-président du Forum des chefs d’entreprise (FCE) a pu sortir des millions de dollars pour conclure un contrat avec une société américaine, dont le patron est un ami influent du président américain, Donald Trump.
«Ils sont en prison, et leurs millions de dollars sont distribués à l’étranger. Qui a donné les ordres? Qui a sorti ces millions de dollars? Le peuple doit savoir», a affirmé Tebboune, avant d’ouvrir la porte de la «repentance» à ces «égarés» qui, même en prison, font toujours peur au nouveau régime algérien.