Le ministre algérien de la Santé Abdelmalek Boudiaf est dans de beaux draps, le gouvernement Sellal aussi. Il y a presque un an, le premier responsable de la santé des Algériens annonçait une nouvelle "qui va provoquer, j'en suis sûr, une révolution" à l'échellle de la planète-terre: l'invention d'un "remède-miracle" contre le diabète, -"Rahmat Rabi"pour ne pas le nommer.
Début décembre 2016, un diabétique âgé de 75 est transféré en urgence au centre hospitalo-universitaire de Constantine dans un état comateux. L’homme avait abandonné son traitement à l’insuline pour se contenter de "Rahmat Rabi" qu’il avait acheté en pharmacie.
Bientôt, d'autres victimes sont signalées à Oran. À chaque fois, c’est le même cas de figurel: des diabétiques qui ont abandonné leur traitement pharmaceutique au profit du seul "Rahmat Rabi".
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Pour un scandale, c'en est un vrai et plus encore. Car face à cette hécatombe, ce n'est pas le ministre de la Santé qui réagit en premier mais son homologue du Commerce prescrivant une interdiction de la commercialisation du médicament controversé au niveau des pharmacies.
Ce n'est que mardi dernier, 13 décembre, et donc après pas mal de ravages dans la santé des pauvres diabétiques algériens, que le ministre Boudiaf, par qui le scandale erst arrivé, se manifeste pour "ordonner aux pharmacies de cesser la commercialisation de Rahmat Rebbi".
Pourtant, le pseudo-"chercheur", à l'origine de cette fausse invention, Toufik Zaibet, n'en démord pas. Dans la presse et sur les plateaux de télévision, il dénonce, pêle-mêle, "la concurrence", "la jalousie", "les saboteurs"… Il menace même de "poursuites judiciaires tous ceux qui oseront encore affirmer que son produit est dangereux"!
Mais passons, car le scandale est à imputer plutôt à ceux qui ont cautionné -officiellement- son charlatanisme, soit le ministère de la Santé, et à travers lui tout l'Exécutif algérien.
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Ce scandale vient encore une fois mettre en évidence l'absence d'Etat en Algérie, qui ne contrôle plus rien ou presque dans un pays livré en proie aux charlatans, aux imposteurs et assimilés.
Dans les pays qui se respectent, un ministre à l'origine d'un pareil scandale aurait au moins démissionné. Sauf que cela relèverait du miracle dans la "République de l'impunité"! Pour s'en rendre compte, il n'est qu'à méditer sur les propos scandaleux tenus dernièrement par le président de la "Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme", le dénommé Farouk Ksentini, au sujet des migrants subsahariens, accusés de propager le sida en Algérie!
Aucune mesure n'a été prise à l'encontre de ce responsable censé être "sensible aux drames humains", ce qui revient à dire que son dérapage misérablement raciste est cautionné au plus haut niveau de l'Etat algérien, ou ce qu'il en reste.
Il en va ainsi de ce scandale de "Rahmat Rabi" qui vient démontrer encore une fois l'ampleur du mépris que l'establishment algérien continue de nourrir envers son peuple. Pathétique!