Le président de l’Autorité de contrôle des élections, Mohamed Chorfi, a raté une belle occasion de se taire. Présentant la «Charte d’éthique des pratiques électorales», signée hier samedi 16 novembre à Alger, par les cinq candidats à la présidentielle du 15 décembre 2019, cet ex-ministre de la justice a qualifié ladite charte électorale «d’unique au monde», poussant le ridicule jusqu’à mettre en doute, avec une pointe d’ironie, l’expérience d’autres pays du voisinage pourtant précurseurs en la matière à l'échelle régionale, dont le Maroc et la Tunisie.
«C’est la première fois dans le monde qu’une charte d’éthique électorale se base sur le dialogue et la concertation, autour du principe et du contenu électoraux», a-t-il klaxonné, sans se rendre compte du ridicule de sa prétention, sortie tout droit de son imagination débridée, à l’image de l’ego hypertrophié d’un régime qui est tout sauf démocratique.
A en croire cet ex-ministre de la justice, limogé par Bouteflika en 2013, sur fond de scandale de corruption de l’ex-ministre de l’énergie Chakib Khalil (ex-patron de la Sonatrach), la Charte d’éthique à coloration vert-kaki, aurait été le fruit de «dialogue» et de «concertation» qui, on ne le sait que trop, n’est pas le point fort du régime autocratique, personnifié par le général Ahmed Gaïd Salah, qu’on ne vous présente plus.
Or voilà, ce que monsieur Chrofi, -lui-même résidu de ce régime dictatorial en rupture de ban, en déphasage avec les nouvelles aspirations démocratiques internes et les nouvelles réalités géopolitiques internationales-, feint d’ignorer, est que cette Charte dite d’éthique, pas plus d’ailleurs que l’élection présidentielle imposé par le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, est rejetée catégoriquement par le peuple algérien frère.
Pour s’en apercevoir, il n’est qu’à entendre le cris de la rue algérienne depuis le 22 février 2019, qui marque le début des manifestations anti-régime. Il n’est pas un seul algérien réellement patriote qui ne soit conscient de la grossière supercherie qu'est ce scrutin, destiné à recycler un système viscéralement corrompu, liberticide et anti-démocratique.
Malheureusement, ce n’est pas ainsi que l’entend ce régime despotique qui, malgré la colère de la rue, n’en fait (toujours) qu’à sa tête, faisant sienne cette politique suicidaire de la fuite en avant, quitte à mettre en danger la stabilité de l’Algérie, voire la région tout entière.