Le 20 février 1962, John Glenn est devenu le premier astronaute américain à effectuer un vol en orbite autour de la Terre, à bord de la minuscule capsule Friendship 7.
En pleine Guerre froide, les Etats-Unis avaient vu l'ennemi soviétique les doubler quand Moscou avait réussi à envoyer Youri Gagarine autour de la Terre en avril 1961.
La NASA a voulu rapidement laver l'affront et, dans un premier temps, a envoyé Alan Shepard pour un bref vol spatial le mois suivant, mais celui-ci n'avait pas fait le tour de la Terre.
L'année suivante, c'est John Glenn qui est devenu le premier Américain a réussir cet exploit pour un vol orbital de 4 heures et 56 minutes.
"La Guerre froide était bien réelle, l'URSS était en pleine expansion. Et qu'elle ait une supériorité technologique était impensable pour les Etats-Unis, il fallait rattraper notre retard", a-t-il raconté bien plus tard.
Son épopée spatiale a pourtant failli tourner à la catastrophe, le système de pilotage automatique de Friendship 7 tombant en panne après la première rotation autour de la Terre.
"Je me suis mis en mode manuel et j'ai gardé les commandes pour la deuxième et la troisième rotations, ainsi que durant la réentrée" dans l'atmosphère, a raconté l'astronaute, soulignant qu'il avait toujours eu confiance dans ses capacités à réaliser ces manoeuvres.
Le tout avec des problèmes de télémétrie qui faisaient craindre un problème avec le bouclier thermique de la capsule, qui doit l'empêcher de se consumer dans l'atmosphère lors du retour sur Terre.
"Quand John Glenn a décollé de Cap Canaveral dans une fusée Atlas en 1962, il a fait décoller les espoirs d'une nation. Et quand sa capsule Friendship 7 a amerri quelques heures après, le premier Américain à être mis en orbite autour de la Terre nous a rappelé qu'avec du courage et un esprit de découverte il n'y a pas de limite à l'altitude que nous pouvons atteindre ensemble", a rendu hommage Barack Obama.
En 2012, il lui avait remis la médaille présidentielle de la Liberté, plus haute récompense civile aux Etats-Unis.
"Avec le décès de John, notre pays a perdu une légende et Michelle et moi-même avons perdu un ami", a repris le président américain. "Le dernier des astronautes pionniers américains nous a quittés, mais propulsés par leur exemple, nous savons que notre avenir ici sur la Terre nous oblige à continuer à atteindre les cieux".
Après son premier vol de 1962, l'astronaute aux yeux bleus perçants a dû attendre 36 ans pour regoûter aux joies de l'espace, lors d'une mission de neuf jours en 1998 au cours de laquelle il a étudié les effets du vieillissement en apesanteur. Il était alors âgé de 77 ans et reste à ce jour le plus vieil astronaute dans l'espace.
Né en 1921 dans l'Ohio, John Glenn est devenu pilote de chasse et a participé à la Seconde Guerre mondiale ainsi qu'à la Guerre de Corée.
En 1957, il a réalisé le premier vol supersonique sans escale entre Los Angeles et New York, battant le record de vitesse pour traverser le continent.
Cumulant au total 9.000 heures de vol, dont 3.000 sur des avions à réaction, il a accédé au statut de héros national.
Jouissant d'une belle popularité, il a été élu sénateur en 1974, un poste qu'il a conservé jusqu'en 1999.
Le secrétaire d'Etat John Kerry, élu à son côté au Sénat, a rendu hommage à un "ami": "John est l'un des hommes les meilleurs et les plus courageux que j'ai jamais rencontrés. Il est allé à la guerre, est allé dans l'espace, et il est allé à Washington où il a servi les gens de l'Ohio durant plus de deux décennies, se battant toujours pour les principes auxquels il croyait".
John Glenn était hospitalisé depuis quelques jours. Sa santé avait décliné après une opération en 2014 liée à une valve cardiaque puis un accident vasculaire cérébral.
"Aujourd'hui nous avons perdu un grand pionnier de l'air et de l'espace avec John Glenn. C'était un héros qui a inspiré des générations de futurs explorateurs", a réagi sur Twitter le président élu Donald Trump.
"Quelle chance nous avons eu de l'avoir aussi longtemps", ont souligné dans un communiqué Bill et Hillary Clinton, l'ex-président se félicitant d'avoir autorisé en 1998 le renvoi de John Glenn dans l'espace.