Qu’on se l’avoue: la France n’aura jamais eu un président de la République aussi beau gosse, aussi jeune et dynamique, aussi dans l’air du temps. C’est celui que l’on «surprend», samedi 4 mars dernier, une bière à la main, en train de faire la fête à Kinshasa, assistant à un concert de la célébrité congolaise Fally Ipupa et prolongeant, décontracté, la soirée dans les rues de la ville… à quelques heures de la grève intersyndicale contre la réforme des retraites en France. C’est celui qui tient absolument à se rendre, samedi 26 août 2022, à «Disco Maghreb», ce temple de la musique raï situé à Oran, popularisé par DJ Snake, au détour d’une visite officielle en Algérie. Le bilan de la visite attendra, mais le plus important, c’est le cliché. Véritable Justin Bieber des médias, droit devant l’adversité sur les plateaux de télévision et mêlant phrases savantes de grands auteurs, expressions du terroir français et langage des quartiers, Emmanuel Macron plaît.
Lui donner un pupitre, c’est lui offrir une scène sur laquelle il déploie un talent certain d’orateur, mais aussi de showman à la gestuelle parfaite et qui ne laisse rien au hasard. C’est ce qu’on pourrait qualifier de casting réussi. Le Président de la République y met les moyens. Pour les seuls trois premiers mois de son premier mandat présidentiel, révélait l’hebdomadaire Le Point, l’Elysée a dû s’acquitter d’une facture de 26.000 euros en frais… de maquillage. Emmanuel Macron cherchait alors à se distinguer de son prédécesseur, François Hollande, en ne salariant personne pour le maquiller avant ses prestations publiques. «Le chef de l’État a toutefois tenu à garder Natacha M., 40 ans, qui s’occupait de lui durant la campagne. Elle a envoyé deux factures, que Le Point a consultées. Leur montant: 10.000 et 16.000 euros», lit-on.
Dès qu’un public se présente, Emmanuel peut être sérieux, stoïque, en rogne, drôle… C’est à la demande et en fonction, tiens, de l’air du temps. Le fond est bien souvent relégué au second plan. Mais à vouloir être la chose et son contraire, et le tout «en même temps», le chef d’Etat français s’y perd. Au risque de trahir certains penchants, notamment homosexuels? S’il est libre de ses choix, c’est surtout le fait qu’Emmanuel Macron ne les assume pas qui interpelle. D’autant que l’Etat profond français et ses relais médiatiques ne cessent de servir des leçons de morale en matière de transparence.
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La vie privée d’Emmanuel Macron est précieusement cachée. Certains signes ne trompent pas. Il y a d’abord son entourage immédiat et sa garde rapprochée. Ses «mignons», ironise une source française bien au fait du sujet. Citons Stéphane Séjourné, ancien conseiller (et toujours très proche) d’Emmanuel Macron. Ouvertement homosexuel, il est secrétaire général du parti Renaissance depuis 2022, député européen et président du groupe Renew. C’est surtout à lui que nous devons la cabale orchestrée au sein du Parlement européen contre le Maroc. À l’arrivée, entre le 19 janvier et le 16 février 2023, deux résolutions non contraignantes mais clairement hostiles au Maroc.
Stéphane Séjourné a un compagnon attitré. Et ce dernier n’est autre que Gabriel Attal, également partie intégrante du sérail de Macron. Actuellement ministre de l’Education, Attal a, entre autres, été porte-parole du gouvernement. Depuis qu’il a rejoint en 2016 En Marche, le parti fondé par Macron, il n’a plus quitté ce dernier.
Plus qu’une question d’entourage, la question porte sur Emmanuel Macron himself. En 2016, le tout Paris en est persuadé: le ministre de l’Economie (de l’époque) est en couple avec le jeune président de Radio France alors, Mathieu Gallet, là encore un beau gosse professionnel. Non seulement le candidat Macron serait un «homosexuel honteux», mais il entretiendrait aussi une relation extra-conjugale, étant donné qu’il est déjà marié à Brigitte Macron, de 24 ans plus âgée que lui et qui, sur le chemin, n’a pas échappé à des doutes concernant son identité sexuelle. Au point que certains ont questionné la profondeur de l’idylle qui unit Emmanuel Macron et Brigitte Trogneux, affirmant qu’il s’agit d’une couverture pour cacher sa double vie.
La rumeur a poursuivi Emmanuel Macron jusqu’à sa campagne pour la présidentielle. Son adversaire d’alors, un certain Nicolas Sarkozy, semblait même la conforter. «Que voulez-vous que j’en pense? Il [Emmanuel Macron] est cynique. Un peu homme, un peu femme, c’est la mode du moment. Androgyne. Ce qui vous plaît chez Macron, c’est que vous aimez toujours ceux qui ne vous obligent pas à choisir», avait-il déclaré pour Le Point en mai 2016. Le 28 février 2017, malin et devenu chef d’Etat, Macron a choisi de prendre son temps et le magazine gay le plus important de France, Têtu, pour revenir sur le sujet. «Si j’avais été homosexuel, je le dirais et je le vivrais», avait-il suggéré. On retiendra que la question méritait effectivement d’être posée. Mais, même en France, Emmanuel Macron aurait-il été élu s’il avait fait son coming out? Mystère.
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Les polémiques ne se sont pas tues pour autant. Une autre affaire va éclater durant l’été 2018, lorsque jaillira l’affaire Alexandre Benalla, du nom du sulfureux ex-chargé de mission d’Emmanuel Macron qui était accusé de violences. Le chef d’Etat français a déployé une telle énergie pour défendre son «protégé» que des doutes se sont installés sur l’existence d’une prétendue romance entre les deux hommes. Des journalistes se sont d’ailleurs interrogés «si Benalla était plus qu’un proche du Président de la République». L’ascension fulgurante d’Alexandre Benalla, depuis son recrutement par le couple présidentiel, lequel n’hésitait pas à lui confier même les clés de sa résidence au Touquet, a contribué à alimenter les soupçons.
Dans son livre «Présumé coupable», Vincent Crase, un des protagonistes de l’affaire, affirme qu’Alexandre Benalla avait un accès privilégié à la vie privée du Président de la République, dont il connaît bien des détails le concernant, ainsi que son épouse. Benalla «connaît les goûts, les manies, les habitudes, les horaires du président comme sa façon de fonctionner. (…) Lorsque le couple veut organiser une sortie au théâtre ou au restaurant, il est à la manœuvre, avec des consignes de discrétion maximales.» Des propos qui ont été confirmés par une source proche de Macron, selon laquelle «Benalla vivait dans l’intimité du couple présidentiel» et «a donc eu à connaître des choses qui font qu’il avait un statut réel auprès du Président, bien supérieur à son statut sur le papier».
Ce manque de courage à assumer une orientation sexuelle aurait été anecdotique s’il ne révélait pas un trait de caractère récurrent dans l’action politique de Macron: l’incapacité d’assumer ses actes, la peur de faire face, le calcul, la procrastination, le fait d’enjamber les institutions comme le Parlement à coups de lois passées sans débats, en activant le 49-3, sans le risque de mener une bataille pour convaincre du bien-fondé d’une réforme.
A l’international, Emmanuel Macron ne fait face qu’à des adversaires plus faibles que lui. Personne n’a oublié sa plaisanterie puant la condescendance, à Ouagadougou en novembre 2017, sur l’ancien président burkinabé Roch Kaboré. Cela s’est passé devant 800 étudiants dans un amphithéâtre où il faisait lourd, la climatisation étant insuffisante ou défectueuse. Après près de deux heures, le président burkinabé quitte la salle, momentanément, et Macron commente son absence en s’adressant aux étudiants par un propos indigne d’un homme d’Etat: «II est parti réparer la climatisation.»
En revanche, quand il est confronté à une puissance égale ou plus forte, Macron ne fait pas face. Il bat en retraite. Tout le monde se souvient de l’humiliation que lui a fait subir Vladimir Poutine quand il l’a fait asseoir à l’autre bout d’une table longue de six mètres. Ou encore le coup de Jarnac de ses alliés occidentaux quand, en 2021, le gouvernement australien a déchiré «le contrat du siècle» (31 milliards d’euros) pour l’achat de sous-marins français, leur préférant des submersibles américains et britanniques. Macron a protesté du bout de la langue contre ses alliés occidentaux, empêché qu’il est de faire face, d’assumer la confrontation ou de défendre les intérêts de la France.
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A l’instar de sa vie privée, Emmanuel Macron est un président qui ne prend pas de risque. Ne pas prendre de risque dans la vie politique, c’est être certain de ne pas s’attaquer aux problèmes de la société. À ce sujet, le chef d’Etat français ne prend pas le taureau par les cornes, il esquive, dilue l’action dans des annonces qui distraient la presse, étonnamment indulgente à son égard. À la suite des émeutes après le meurtre à bout portant du jeune Nahel par un policier à Nanterre, Macron a invité, le 31 août dernier, les chefs de file des partis politiques à un marathon à huis clos pour discuter pendant des heures interminables des «voies d’action qui pourront trouver des traductions concrètes et rapides dans les réalisations du gouvernement et des textes législatifs bâtis ensemble».
Ce forum, d’où ne sortira pas de décision importante, est devenu une fin de soi, occupant les médias, et maquillant l’essentiel: la répulsion du chef de l’Etat à faire face.
Emmanuel Macron change souvent d’humeur, de direction au gré des sondages. Seule compte la capacité de plaire dans le moment, fut-ce en renonçant à des engagements antérieurs et en faisant de la procrastination l’une des marques de sa gouvernance. Or cette incapacité à assumer épuise les ressources de l’«en même temps» que Macron a élevé au rang d’un concept suffisamment éloquent sur la peur d’endosser ce que l’on est ou des choix politiques. Être en même temps «un peu homme, un peu femme» dans la vie privée peut comporter des agréments, mais en tant que président d’un Etat, cela dénote d’un défaut de virilité politique… préjudiciable à la France.