C’est que dans cette affaire le milliardaire républicain est pris en tenaille entre sa volonté de mettre fin rapidement à la guerre en Ukraine, tout en composant avec sa base militante, soucieuse de ne pas voir les États-Unis mettre encore la main à la poche et, a fortiori, être entraînés dans le conflit.
«Il n’est pas logique de dire que l’Ukraine ne pourra jamais rejoindre l’Otan, mais pourtant, nous voici, les États-Unis, le pays le plus puissant du monde, prêts à vous accorder l’article 5, un accord de sécurité garanti», s’est exclamée lundi l’élue très trumpiste Marjorie Taylor Greene, dans un podcast. «Pourquoi méritent-ils cela ?»
L’élue de Géorgie (sud-est) se targue de longue date de défendre la politique de «l’Amérique d’abord» prônée par Donald Trump, aux tenants isolationnistes.
La Russie continue de bombarder l’Ukraine
D’importantes frappes de drones et missiles russes ont touché plusieurs villes de l’ouest de l’Ukraine tôt jeudi, causant un mort à Lviv et plus d’une dizaine de blessés dans la région, ont annoncé les autorités locales.
«Une personne a été tuée et deux ont été blessées à la suite de l’attaque combinée de drones et de missiles de croisière à Lviv», plus grande ville de l’ouest de l’Ukraine, a indiqué Maksym Kozitskiï, le chef de l’administration militaire régionale dans un bilan préliminaire sur Telegram.
«Des dizaines de bâtiments résidentiels ont été endommagés», a-t-il précisé.
À Moukachenko, des frappes ont fait 12 blessés, dont 5 ont été hospitalisés, a indiqué le conseil municipal de la ville de Transcarpatie sur sa page Facebook.
Le ministère russe de la Défense a rapporté de son côté avoir détruit «49 drones ukrainiens» dans plusieurs régions tôt jeudi.
Les attaques en Ukraine et en Russie se sont poursuivies ces derniers jours malgré une intense activité diplomatique pour tenter de mettre fin au conflit déclenché en 2022 par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Les alliés européens de l’Ukraine ont fait bloc autour du président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’une visite à la Maison Blanche lundi après une rencontre en Alaska entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine.
L’article 5 du traité de l’Atlantique Nord
Épine dorsale de l’Otan, l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord est un mécanisme de défense collective qui stipule que toute attaque contre un des pays membres de l’alliance est considérée comme une attaque contre tous.
À peine quelques jours plus tard, l’idée paraît déjà dépassée, alors que les États-Unis et les Européens s’activent pour préciser quelles seront ces garanties de sécurité pour l’Ukraine.
«Bonne protection»
«Nous leur donnerons une très bonne protection», a promis lundi le président américain en réunissant à la Maison Blanche, de manière tout à fait exceptionnelle, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et plusieurs dirigeants européens dans la foulée de sa rencontre vendredi avec le président russe Vladimir Poutine en Alaska.
Mardi, cela se traduisait par un soutien militaire aérien volontairement flou sans soldats au sol, mission qui sera potentiellement dévolue aux alliés européens, un message qui semblait s’adresser avant tout à la frange du Parti républicain inquiète d’un engagement américain trop poussé.
En ce sens, Donald Trump s’inscrit dans la lignée de la précédente administration démocrate de Joe Biden qui a toujours refusé d’envoyer des soldats américains sur place, de peur d’une confrontation directe avec la Russie.
Pour Debra Cagan, du Atlantic Council, un cercle de réflexion, les États-Unis «vont adopter une approche très minimale en matière de garanties de sécurité, afin d’en faire le moins possible pour les mettre en œuvre».
Terre, mer, air
À ce stade, les garanties de sécurité, qui font l’objet de multiples réunions cette semaine entre chefs militaires, posent plus de questions que de réponses.
Pour réussir, «il faut agir sur terre, sur mer et dans les airs», relève Debra Cagan. Mais «que signifie “les airs” pour les États-Unis? Cela signifie-t-il que les États-Unis vont déployer des avions? Vont-ils mener des opérations au-dessus de la mer Noire? Ou s’agira-t-il de missions de reconnaissance?», s’interroge-t-elle.
De son côté, la «Coalition des volontaires» d’une trentaine de pays, principalement européens, emmenés par Paris et Londres, se dit prête à soutenir l’Ukraine pour prévenir une reprise des hostilités en cas d’accord de paix.
Le président français Emmanuel Macron a notamment évoqué un soutien massif à l’armée ukrainienne, sans «limitations en nombre, en capacité, en armement».
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Il a dit envisager un déploiement terrestre en Ukraine de «quelques milliers d’hommes», qui n’auront, selon lui, «pas vocation à tenir une ligne de front».
Quant au président américain, bien conscient d’une base qui reste sur ses gardes, il avance l’argument selon lequel l’effort de défense en faveur de l’Ukraine ne coûte pas un centime aux États-Unis.
Après avoir dénoncé les «350 milliards de dollars» jetés aux orties selon lui par l’ancien président Joe Biden, il met en avant l’accord trouvé dans le cadre de l’Otan, prévoyant l’envoi d’armes américaines à l’Ukraine, les Européens payant la note.
Donald Trump espère ainsi gagner sur les deux tableaux: obtenir la paix en Ukraine au moindre coût pour satisfaire sa base et ses promesses de campagne.
Quant à la question des concessions territoriales, elle est reléguée au second plan, Donald Trump ne faisant pas mystère que l’Ukraine devra s’y résoudre, en particulier pour le Donbass.












