"L'opération «Bouclier du Printemps», déclenchée après la vile attaque du 27 février à Idleb, se poursuit avec succès", a déclaré le ministre turc de la Défense Hulusi Akar lors d'une allocution retransmise à la télévision.
La Turquie a multiplié hier, samedi 29 février, les frappes de drones contre les positions du régime mais c'est la première fois qu'Ankara annonce officiellement que celles-ci s'inscrivent dans le cadre d'une opération plus générale.
Hulusi Akar a indiqué que le but de celle-ci était de "mettre fin aux massacres du régime et empêcher une vague migratoire".
Il a ajouté qu'Ankara n'avait "ni l'intention, ni l'envie d'entrer dans une confrontation avec la Russie", qui soutient le régime de Bachar al-Assad, tout en soulignant que la Turquie attendait de Moscou qu'il fasse pression sur Damas pour qu'il "stoppe ses attaques".
Ces déclarations interviennent après des semaines d'escalade entre Ankara et Damas dans la région d'Idleb.
Jeudi, 33 militaires turcs y ont été tués dans des frappes aériennes attribuées au régime syrien, les plus lourdes pertes en une seule attaque subies par Ankara depuis le début de son intervention en Syrie en 2016.
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Vendredi et samedi, près de 90 militaires syriens et combattants de groupes alliés à Damas ont été tués par les frappes menées par Ankara en représailles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG.
Avec l'appui de l'aviation russe, le régime syrien mène depuis décembre une offensive meurtrière pour reprendre la région d'Idleb, dernier bastion rebelle et jihadiste en Syrie.
Cette offensive a suscité des frictions entre Ankara et Moscou. Même si la Turquie soutient certains groupes rebelles et la Russie appuie le régime, les deux pays avaient renforcé leur coopération sur le dossier syrien ces dernières années.
Hier, samedi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait sommé son homologue russe Vladimir Poutine de s'"ôter du chemin" de la Turquie en Syrie et assuré que le régime de Damas allait "payer le prix" de ses attaques.
L'escalade à Idleb suscite les craintes de la communauté internationale, alors que la situation humanitaire y est déjà catastrophique.
Depuis le début de l'offensive du régime en décembre, près d'un million de personnes ont été déplacées dans cette région frontalière de la Turquie.
Ankara, qui accueille quelque 3,6 millions de Syriens sur son sol, redoute un nouvel afflux de réfugiés.
Plus de 380.000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit syrien en 2011.