Sous-marin argentin disparu: sur la piste d'une explosion à bord

Un navire affrété par l'US Navy attend d'appareiller avec à son bord du matériel de sauvetage susceptible d'être utilisé en eau profonde, le 22 novembre 2017 à Comodoro Rivadiva, en Argentine.

Un navire affrété par l'US Navy attend d'appareiller avec à son bord du matériel de sauvetage susceptible d'être utilisé en eau profonde, le 22 novembre 2017 à Comodoro Rivadiva, en Argentine. . AFP

Un bruit anormal a été enregistré trois heures après la dernière communication du sous-marin argentin San Juan, à proximité de sa dernière position connue, a révélé la Marine argentine, qui a réorienté les recherches sur la piste de l'explosion.

Le 23/11/2017 à 12h38

Ce jeudi 23 novembre, cela fait huit jours que le San Juan et ses 44 membres d'équipage n'ont plus donné signe de vie. Après une mission dans l'Atlantique sud, le submersible regagnait la base navale de Mar del Plata, son port d'attache.

Le porte-parole de la Marine argentine, Enrique Balbi, a indiqué mercredi soir avoir reçu un rapport venant des États-Unis signalant "une anomalie hydro-acoustique" le mercredi 15 novembre à 11h00 (heure locale, 14h00 GMT), un son enregistré dans la zone d'opération du sous-marin, le jour de la disparition du bâtiment. "C'est un bruit qu'il faut analyser", a-t-il ajouté.

Un nouveau point-presse de la Marine argentine est prévu vendredi à partir de 10h00 locales.

Il a précisé que le "bruit" a été enregistré à 400 km des côtes de Patagonie, à 60 km au nord de la dernière position communiquée par le sous-marin, qui avait mis le cap sur la base navale de Mar del Plata.

"La Marine enquête pour savoir s'il y a eu une explosion le jour de la disparition du sous-marin", titre le journal argentin Clarin. De son côté, La Nacion avance "qu'une des versions les plus probables est celle d'une explosion, conséquence d'un court-circuit dans le bloc de 960 batteries qui alimente en énergie" le TR-1700 de fabrication allemande. 

"Cela a dû être un bruit très fort (...) Il peut s'agir d'une explosion", a confié à l'AFP un ancien commandant de sous-marin, qui souhaite rester anonyme. "Un grave problème avec une batterie peut générer de l'hydrogène, qui au-delà d'un certain pourcentage, est explosif, indique-t-il. Si une explosion s'est produite, eh bien, tout est perdu".

La Marine argentine avait "sollicité aux États-Unis et à différentes agences des relevés acoustiques". Elle n'a reçu les résultats que mercredi, indique le contre-amiral Guillermo Delamer, directeur du Centre maritime d'investigations.

Selon la Marine argentine, le sous-marin avait signalé une avarie avant sa dernière communication, mais jugée pas suffisamment grave pour déclencher une procédure d'urgence.

Trois navires ont mis le cap vers la position indiquée pour tenter de localiser le sous-marin, et devaient arriver sur zone dans la nuit de mercredi à jeudi.

A Mar del Plata, à 400 km au sud de la capitale Buenos Aires, la base navale s'est transformée en centre d'accueil pour les proches des 44 marins portés disparus. Des psychologues, des prêtres s'emploient à soulager leurs angoisses. Ils prient, ils se serrent dans les bras, ils attendent d'en savoir plus sur le sort de leurs marins.

Sur les grilles qui délimitent le périmètre de la base militaire, des dessins d'enfants, des icônes religieuses ou des messages de soutien ont été accrochés au grillage. Mercredi soir, après l'annonce du porte-parole de la Marine, des proches des marins sont sortis de la base le visage fermé, abattus, parfois en pleurs. Ils connaissent le quotidien des sous-mariniers et ce qu'un "bruit" peut impliquer.

Une mère s'est avancée vers la jetée et a hurlé, face à l'océan Atlantique: "Rends-moi mon fils!"

Le 23/11/2017 à 12h38