Sommet OCS en Chine: une vitrine Poutine-Xi Jinping d’un nouvel ordre mondial

Le président chinois Xi Jinping lors d'une réunion bilatérale avant le sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin, le 31 août 2025

Le président Xi Jinping réunit dimanche, en grande pompe, les dirigeants russe, indien, iranien et turc ainsi qu’une vingtaine de leaders eurasiatiques pour montrer, à l’heure des droits de douane américains et des tensions géostratégiques, qu’un autre modèle international est possible, avec la Chine en son centre.

Le 31/08/2025 à 06h30

Le chef de la deuxième puissance économique mondiale préside dimanche soir, vers 19h00 locales (11h00 GMT), à Tianjin (nord), une réception en l’honneur des participants au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui se tient lundi, le premier depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Les chefs d’État et de gouvernement d’une vingtaine de pays ainsi que les responsables d’une dizaine d’organisations internationales et régionales affluent depuis samedi dans la mégapole portuaire, autrefois mise en coupe réglée par les concessions occidentales, japonaise et russe, et devenue aujourd’hui symbole de vitalité économique.

Le président russe Vladimir Poutine est arrivé dimanche matin, discrètement, bien qu’à la tête d’une large délégation politique et économique, selon les médias d’État russes et chinois.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a atterri samedi pour sa première visite en Chine depuis 2018, signe de l’effort de rapprochement entre les deux géants asiatiques. M. Modi a été reçu par le président chinois, a rapporté l’agence officielle Chine nouvelle, parmi une multitude d’entretiens bilatéraux arrangés en marge du sommet.

Le sommet est placé sous haute surveillance policière et militaire. Des véhicules blindés ont été disposés dans certaines rues, et le trafic a été interrompu dans de vastes secteurs de Tianjin. Des affiches en mandarin et en russe exaltent «l’esprit de Tianjin» et la «confiance mutuelle» sino-russe.

Décrit comme le plus important depuis la création de l’OCS en 2001, le sommet intervient dans un contexte de crises multiples touchant directement ses membres: confrontation commerciale des États-Unis avec la Chine et l’Inde, guerre en Ukraine, querelle nucléaire iranienne...

L’OCS rassemble 10 États membres et 16 pays observateurs ou partenaires, représentant près de la moitié de la population mondiale et 23,5% du PIB de la planète. Elle est volontiers présentée comme un contrepoids à l’Otan.

Mais les rapports entre certains membres demeurent délicats. Plus qu’aux résultats tangibles, encore incertains, les experts invitent à prêter attention à l’effet d’image.

Grandiose défilé

Le sommet propose «un ordre multilatéral modulé par la Chine et distinct de ceux dominés par les Occidentaux», anticipe Dylan Loh, enseignant à la Nanyang Technological University de Singapour. «La large participation témoigne de l’influence grandissante de la Chine et de l’attraction exercée par l’OCS sur les pays non occidentaux», ajoute-t-il.

Le sommet ouvre une séquence au cours de laquelle la Chine entend faire étalage de son emprise diplomatique, mais aussi de sa puissance militaire, tout en se présentant comme un pôle de stabilité dans un monde fracturé.

M. Poutine et plusieurs autres participants assisteront mercredi à une démonstration militaire organisée par leur hôte, à l’occasion d’un grandiose défilé célébrant à Pékin les 80 ans de la fin de la Deuxième Guerre mondiale et de la victoire contre le Japon.

Le leader nord-coréen Kim Jong Un effectuera, pour l’occasion, une rare sortie hors de son pays reclus, afin de se tenir aux côtés de Xi Jinping, son allié et voisin chinois.

La Corée du Nord est devenue l’un des principaux soutiens de la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.

Un peu plus de deux semaines après avoir été reçu par Donald Trump en Alaska, M. Poutine doit avoir mardi à Pékin des discussions avec son hôte et grand allié chinois. Lundi, à Tianjin, il doit s’entretenir du conflit en Ukraine avec son homologue turc Recep Tayyip Erdoğan et du dossier nucléaire avec le président iranien Massoud Pezeshkian.

Une rencontre est également prévue avec le Premier ministre indien.

De nombreux alliés de Kiev soupçonnent Pékin de soutenir Moscou contre l’Ukraine. La Chine invoque sa neutralité et accuse les pays occidentaux de prolonger les hostilités en armant Kiev.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre indien se sont entretenus par téléphone. Sur les réseaux sociaux, M. Zelensky a dit espérer que la nécessité d’un cessez-le-feu, qu’il assure être soutenue par M. Modi, soit abordée en Chine.

Par Le360 (avec AFP)
Le 31/08/2025 à 06h30